Un lundi particulier au Palais Rohan Imprimer
Mardi, 07 Mars 2017 06:00

Les premiers sont arrivés à 7h30 devant le Palais Rohan. Tels des pieds de grue à côté de leur pied de caméra, ils voulaient être les premiers de la journée à filmer Alain Juppé.

 

 

10h30. Le discours du maire et président de la métropole a duré exactement 7 minutes. Celui qui vient définitivement de renoncer à se présenter à l’élection présidentielle et dire que son camp est dans l’impasse quitte immédiatement les salons de l’hôtel de ville. Tous les représentants des médias nationaux restent sur leur faim. Ils engloutissent un plat du jour dans les cafés autour du Palais Rohan. 

Retour dans les salons de l’hôtel de ville à 14h15. Avant chaque conseil municipal, Alain Juppé y tient une conférence de presse. L’intéressé n’arrive qu’à 14h30 et dresse les principaux points à l’ordre du jour. « Rien à ajouter mes adjoints ? » 

Les journalistes présents dans la salle ont mille questions à lui poser. « Par rapport à ce matin, je n’ai rien à ajouter », tranche le maire de Bordeaux, avant de préciser que son adjointe, Virginie Calmels, assise à ses côtés, sera au conseil politique des Républicains le soir même à Paris. «Vous êtes toujours juppéiste?», lui lance-t-il. « Je ne change pas », répond-t-elle.

L’opposition fait mariner Calmels

14h55. Alain Juppé est déjà installé dans son fauteuil de la salle du conseil municipal. 15h pétantes, la séance plénière démarre. Virginie Calmels ouvre le bal. Elle a cinq délibérations à présenter qu’elle choisit de regrouper « car toutes traitent du même sujet, notre feuille de route économique ». 

Dans l’opposition, chaque élu prend à tour de rôle la parole, quitte à répéter ce que vient de dire le précédent intervenant. Du jamais vu. Ils critiquent les coupures financières sèches faites à BGI (Bordeaux Gironde Investissement) qui va se recentrer sur l’accueil et l’accompagnement des entreprises sur le territoire et va lâcher la promotion économique de la métropole. Ils regrettent le fait que ni la transition démographique, ni la transition écologique ne soient inscrits dans la feuille de route.

Face à eux, Virginie Calmels qui n’a pas pris la peine de venir avec son ordinateur en séance, écoute, piétine, souffle, tape des doigts sur son pupitre. Le conseil politique des Républicains est programmé à 18h. Elle fait signe à Yohan David de faire court avec ses mains quand celui-ci prend la parole sur les chiffres de la Maison de l’emploi.

15h25. L’adjointe à l’économie répond aux nombreuses questions en cinq minutes, plie bagage et s’enfuit en courant de la salle du conseil laissant son micro allumé et le soin à Alain Juppé de finir de répondre aux questions. Concilier destin national et local ressemble parfois à un difficile exercice d’équilibriste.

Est-elle arrivée à l’heure à Paris ? 18h à Bordeaux, dans la salle du conseil, les élus s’attaquent à la délibération sur les aides aux structures accueillant les jeunes enfants. Emmanuelle Ajon, dans l’opposition, dénonce le manque de places en crèche.

Un peu plus tôt, Fabien Robert a déroulé les prémices de Paysages, le programme culturel qui va accompagner l’arrivée de la LGV. Les élus socialistes se sont offusqués de la situation de l’Opéra de Bordeaux. Michèle Delaunay a demandé de rechercher des mécènes pour l’institution qui traverse une période financière difficile. « C’est bien la première fois que vous, les socialistes, demandaient plus d'argent pour cette institution ", souligne l’adjoint à la culture. Il y a bien eu quelques petites piques sur la campagne présidentielle, mais finalement pendant cette séance, la politique locale a repris ses droits.•

 

Laurie Bosdecher

Photo : «Vous êtes toujours juppéiste ?», a lancé le maire à son adjointe en début d’après-midi © LAURENT THEILLET / SUD OUEST