Dangers de l’ivresse / Université : la journée de prévention manque sa cible Imprimer
Vendredi, 06 Décembre 2013 08:00

FACalcool2

« Depuis quelques années, les jeunes boivent de plus en plus d’alcool, de plus en plus tôt et ce phénomène touche maintenant autant les filles que les garçons ». C’est en dressant ce constat que Benoît Fleury, praticien au CHU de Bordeaux, addictologue et président de l’antenne girondine de l’Agence Nationale de la Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) est venu, hier, participer à la journée d’échanges et de réflexions sur l’hyper alcoolisation des jeunes, qui se tenait à l’Université de Bordeaux IV à Pessac.


Organisée par le Collège Régional des Alcoologues Aquitains et l’ANPAA, celle-ci, baptisée « Esprit d’Ivresse » proposait plusieurs animations : un colloque réunissant des acteurs de la prévention intervenant en faveur des jeunes en milieu festif ; une visite de l’exposition « Binge Drinking », installée dans le hall de l’accueil de l’Université et visant à lutter contre la banalisation des ivresses répétées et plusieurs tables rondes. « Ces phénomènes d’hyper alcoolisation posent des problèmes de risques. Il faut les comprendre, savoir ce qui se passe dans la tête de ces jeunes, savoir quel est le rôle des parents et trouver comment on peut répondre à cela », explique le Dr Benoît Fleury. « Ce colloque permet de voir comment on peut intervenir pour changer leur comportement et réduire les risques d’une alcoolisation excessive. On réalise des actions en continu, mais il faut aussi porter des coups de projecteurs comme cette journée où l’on peut se rencontrer pour échanger sur nos pratiques, nos questions et nos réponses ».

Un manque d’information ressenti
Chez les étudiants, la journée «Esprit d’ivresse» ne semble pas avoir réellement eu d’impact. Hier, le bus « Somm’enbus », qui permet aux jeunes ayant bu d’être accueillis par une équipe de secouristes et d’animateurs, de se reposer ou de «dégriser», était stationné à l’entrée de la fac pour informer sur ses services. Seule une quinzaine d’étudiants est venue le découvrir déplorait, hier, vers 15h, Laurent Vandersnickt, concepteur du bus. « Les gens ne savent pas trop ce qu’on fait là ni ce qu’on propose », reconnaît-t-il. « Moi je croyais que c’était juste un bus pour faire la sieste » affirme Steven, étudiant en master de droit. Dans le hall de la faculté, les étudiants sont loin de se bousculer au portillon pour visiter l’exposition « Binge Drinking », organisée par l’ANPAA et installée jusqu’au 12 décembre. Il faut dire que celle-ci n’est pas le genre d’installation imposante  : trois écrans diffusent des messages de prévention et des images de boisson alcoolisées et passent plutôt inaperçus. « Les gens ne s‘y arrêtent pas vraiment car on n’a aucune info sur cette expo et on ne voit pas de vrai message véhiculé derrière. Il aurait fallu faire plus de publicité autour de cette journée de prévention » déplore Alexianne, 20 ans, en 3e année de droit

Se déplacer dans la rue
Enfin, les étudiants ne s’accordent pas tous sur les lieux les plus appropriés pour faire de la sensibilisation autour de l’alcool. Pour Alexianne, « c’est bien d’organiser ce genre de journée à la fac car c’est ici que les soirées alcoolisées sont promues, on en voit partout dans les couloirs. Cela est surtout bénéfique aux étudiants de 1ere année qui sont un peu vulnérables du fait qu’ils n’ont peut être jamais vraiment bu d’alcool et sont parfois plus tentés de vouloir faire la fête le week-end». Mais pour Thomas, « le meilleur moyen de faire de la prévention de ce type, c’est d’aller directement dans la rue le jeudi soir» . • EM

 

Hier, un colloque sur l’hyper-alcoolémie des jeunes était organisée à la fac de Bordeaux 4 © EM