« Actuellement, cette place ne donne pas envie de s’y promener ou d’y passer du temps. Les parents qui ont des enfants disent qu’il est hors de question de les emmener ici car on peut y trouver des seringues de toxicos...» En quelques mots, ce commerçant situé à deux pas de la place André Meunier résume le sentiment de beaucoup de riverains du quartier.

Situé sur le cours de la Marne, face au lycée Eiffel et non-loin de l’IUT Renaudel, de l’école de journalisme de Bordeaux ou encore du collège Aliénor d’Aquitaine, cet espace verdoyant est pourtant idéalement placé, dans un secteur urbain promis, notamment grâce à la proximité d’Euratlantique, à un bel avenir.
Mais la place André Meunier, comme dans la plupart des quartiers localisés dans le périmètre d’une gare, jouit d’une mauvaise réputation. On la dit mal famée, la faute, probablement, aux quelques sans-abris et quelques toxicomanes qui la fréquentent. « En principe, quand on réhabilite un site de ce type, ça permet de le faire évoluer positivement, poursuit le commerçant. J’espère que c’est ce qui va se passer.»

Plus de 10 ans d’attente
Dès le mois de janvier, les tractopelles et autres engins de chantier vont en effet investir les lieux. Annoncée depuis près de 10 ans, la réhabilitation de la place va enfin débuter : « c’est effectivement un vieux projet, sourit Alain Moga, l’adjoint au maire chargé du quartier. Plusieurs choses expliquent ce retard. Il a par exemple fallu attendre que le parking souterrain André Meunier, qui est ouvert depuis un an, soit terminé. L’avantage, c’est que ça a permis d’intégrer le projet dans l’opération Re-Centre, avec notamment la création d’une traversée verte qui ira de la place Renaudel à la place Dormoy, en passant par le site réhabilité de Santé Navale.»
D’un coût total de près de 4,4 M€, la rénovation de la place devrait offrir un coup de jeune à ce site actuellement peu engageant.

Aire de jeu et théâtre de verdure
Dessiné en interne par la direction des parcs, jardins et rives de la mairie, le projet est un mix entre zones vertes et espaces minéraux : « il y a eu plusieurs réunions de concertations, explique Nolwenn Le Mevel, paysagiste pour la Ville. Les gens voulaient que la place reste ouverte, qu’elle ne devienne pas un square fermé par une clôture.» Un temps envisagée, cette option a donc été abandonnée.
La future place sera composée de plusieurs espaces distincts : l’aire de jeu qui existe actuellement verra ainsi sa superficie « multipliée par quatre », précise Alain Moga. Un théâtre de verdure, qui devrait pouvoir accueillir plus d’une centaine de personnes, sera aménagé : « les établissements scolaires des alentours ou le TNBA, également proche, pourront y organiser des spectacles, des séances de cinéma en plein air ou des concerts, poursuit l’élu bordelais. Il prendra la forme d’un angle qui évoquera le Fort Louis, dont les ruines sont en dessous.»
La « cabane à gratter », qui accueille actuellement, dans un cabanon précaire, les personnes en difficulté, ne sera pas oubliée : « il y a ce facteur social à prendre en compte, ajoute Alain Moga. Nous allons construire un kiosque en bois qui recevra toujours ces populations difficiles mais qui aura une vocation plus généraliste.» « On a été entendus, apprécie Gervais, le gérant de la "cabane à gratter". Les gens qui viennent ici, que l’on aide, avec qui l’on discute, seront toujours là. On ne voulait pas que ça devienne une place "bobo".»
L’achèvement du parc André Meunier est prévu à la fin du premier semestre 2015. •

OSF

Photo : L’ouverture au public du futur parc André Meunier est espérée à la fin du 1er semestre 2015 © AXYZ