Michèle Delaunay à Bordeaux : « c’est une bataille difficile mais j’y vais comme un bourrin » Imprimer
Lundi, 13 Janvier 2014 07:00

Elle avait annoncé qu’elle apportait son soutien à Vincent Feltesse dès l’annonce de sa candidature aux élections municipales, mais depuis Michèle Delaunay s’était fait plus discrète à Bordeaux. La ministre déléguée aux personnes âgées a choisi Direct Matin Bordeaux7 pour annoncer son entrée en 
campagne.

Pour quelles raisons vous engagez-vous aux côtés de Vincent Feltesse ?
Je m’engage naturellement avec la volonté d’apporter quelque chose à Bordeaux et de faire bouger les lignes. Si je me suis engagée en politique, c’était pour apporter quelque chose à ma ville. Entre nous, je n’avais pas prévu d’être ministre.
Je veux aussi saluer le courage de Vincent Feltesse parce qu’il aurait pu rester tranquille à Blanquefort, président de la CUB. Il prend des risques et tout le monde ne sait pas le faire aujourd’hui. Et il a raison parce que c’est maintenant qu’il faut impulser cette dynamique d’un Bordeaux métropolitain recentré sur son fleuve. Il a fait la preuve qu’il avait des idées. Beaucoup de choses lui sont dues à la CUB, même si ce n’est pas toujours visible pour les Bordelais. Et puis il a la vista, il a la volonté. C’est quelqu’un de déterminé. Et j’ajoute un dernier mot, ce que les Bordelais ne savent pas, il est agréable, fraternel.

Vous voulez dire : contrairement à Alain Juppé...
Je pense que Juppé - ce n’est pas une méchanceté - est davantage dans la majesté. C’est une autre génération politique.

Pourquoi avoir attendu la dernière ligne droite de la campagne pour vous dévoiler ?
Je suis ministre. Ma priorité est de ne rien enlever à ma fonction ministérielle, de ne rien sacrifier de mon engagement ministériel très lourd. Je vais présenter une loi dans les 6 mois qui viennent. Je suis en phase de concertation, c’est-à-dire quatre heures par jour de rencontres avec les partenaires. Nous avons aussi des consignes très précises de Jean-Marc Ayrault qui ne veut pas que nous fassions des campagnes à la Sarkozy. Avec des prescriptions très strictes pour ne pas mélanger les moyens de l’Etat avec la campagne. C’est pour cela que nous avons choisi avec Vincent de ne manifester mon engagement que dans le dernier trimestre, mais c’était entendu de longue date. Je consacrerai à la campagne tout mon temps libre. Je serai là les week-ends et je pourrai revenir pour un meeting en soirée et repartir le lendemain matin.
Quelle sera votre place sur la liste du candidat Feltesse ?
D’abord, nous allons présenter une liste par ordre alphabétique, sauf pour les trois premiers. Et c’est une très bonne chose. Ce qui est sûr : je ne serai pas là comme figurante. Je serai présente aux côtés de Vincent et je serai active. Je veux être utile à Bordeaux au maximum. A mon âge, on s’interroge parfois sur la trace qu’on laissera et je veux qu’il y ait des choses que j’ai fait avancer.

Les sondages ne sont pas en faveur de Vincent Feltesse. Comment abordez-vous cette campagne ?
Moi, je pars exactement comme en 2007. C’est une bataille difficile. Nous n’avons pas des chances majoritaires. Ce n’était pas meilleur pour moi pour les législatives, 6 mois ou 3 mois avant. Mais je disais aux équipes, si nous gagnons ce sera d’autant meilleur. Moi, je ne me pose pas la question, je fais le maximum. Je vais comme un bourrin. Je ne pars ni gagnante ni perdante mais avec la volonté de ne pas me faire de reproche après. C’est un combat très difficile, car, reconnaissons-le, Alain Juppé est dans une période assez porteuse au vu des difficultés de son parti.

Comment voyez-vous votre rôle dans cette élection ?
Nous avons un discours différent avec Vincent. Il a fait ses classes dans la politique ce qui n’est pas mon cas. Nous sommes donc partenaires et complémentaires, en âge, en formation et en mode de fonctionnement. Il est beaucoup plus stratège, je suis moins tacticienne. C’est bien ! On fait un couple parfait. Et puis, il y a un troisième dans le couple, pour lequel j’ai une immense estime, c’est Pierre Hurmic. Je suis très contente de travailler avec lui. C’est un bel équilibre.

Quels sont vos projets pour Bordeaux ?
Je voudrais porter avec Vincent, l’ambition du Grand Bordeaux. C’est quelque chose que Jacques Chaban-Delmas avait esquissé. Il a eu une période où il avait des idées. Le Grand Bordeaux aujourd’hui n’a pas le même sens, mais nous avons beaucoup plus de moyens de lui donner forme. Et ce Grand Bordeaux, il faut en donner envie aux citoyens. ll faut donner une dimension économique, beaucoup plus forte, beaucoup plus diversifiée qu’elle ne l’est aujourd’hui à Bordeaux. Une ville qui s’enrichit du tourisme, nous nous en réjouissons. Mais c’est Carcassonne ! Cela ne suffit pas pour une ville de dimension européenne. Je ne vais pas détailler , on le fera avec la présentation du programme. Mais je voudrais aussi proposer des services publics innovants et réinstaller un vivre ensemble différent. •
Recueilli par Stéphanie Lacaze

Recueilli par Stéphanie Lacaze

Photo : La présence de Michèle Delaunay sur la liste de Vincent Feltesse était entendue de longue date © Anthony Rojo