Olivier Adam, les mains dans le scandale - chronique avant son passage à l'Escale du Livre Imprimer
Jeudi, 24 Mars 2016 06:00

J-8 avant l’Escale du Livre (sans compter les avant-premières), ses créations, ses grands entretiens, ses rencontres avec quelque 200 auteurs présents. Parmi eux, Olivier Adam, qui aborde avec force dans « La Renverse » un sujet sensible, entre scandale sexuel, politique et dommages collatéraux pour l’entourage. Un sacré coup de poing.

 

Qu’autant de conseillers de la Fnac Sainte-Catherine – même hors rayon littérature – l’aient lu et l’ai adoré fait partie des signes qui ne trompent pas : « poignant », « la plus grosse claque littéraire depuis longtemps », « ça vous prend aux tripes »... Bien sûr, il y a l’aura de l’écrivain, son style si particulier, ce sens de la narration qu’on avait admiré dans « Je vais bien, ne t’en fais pas » (porté à l’écran par Philippe Lioret avec Mélanie Laurent et Kad Merad) ou « Des Vents contraires ».

Avec sa langue dure, hachée, presque célinienne, il s’attèle une nouvelle fois à une histoire de famille en perdition, dite par la voix d’un narrateur jeune, encore perturbé d’avoir vécu de l’intérieur un scandale politique retentissant dans une ville de province. Dix ans plus tôt, sa mère, adjointe à la ville, et son sénateur-maire, étaient mouillés dans une affaire de sévices sexuels au sein de cette mairie – l’affaire Georges Tron n’est pas loin, qui a inspiré l’auteur.

Son adolescence, il l’a vécue avec ce poids, celui de parents entre hypocrisie, lâcheté et même perversion (son monstre de mère !). Celui de son entourage qui le rejette. Dommage collatéral. Assez pour qu’il se retire presque de la vie, devenant libraire exilé en Bretagne (motif récurrent chez Adam). Une décennie plus tard, la mort du politicien réveille le traumatisme.

Plus encore qu’une charge à la rage à peine contenue contre la famille et ses non-dits, plus encore que le drame intime, c’est la dimension du naufrage collectif qui ressort avec la plus grande hargne. Politique et communication en prennent pour leurs grades, elles qui font réélire les puissants aussi pourris soient-ils. Un roman d’une force extrême qui vous retourne jusqu’au dégoût...  

Olivier Adam sera au Café Pompier le samedi de l’Escale (2 avril, 14h) aux côtés de deux autres auteurs, Pascale Kramer et Santiago Roncagliolo pour dialoguer sur le thème « Littérature, politique et controverses ». •

Sébastien Le Jeune

Olivier Adam, « La Renverse » (Flammarion), en vente à la Fnac, 19€

Photo : L’auteur de « Je vais bien, ne t’en fais pas » est de retour avec un vrai chef-d’oeuvre. © David Ignaszewski / Koboy