La friche enchantée : Transfert et Shake Well, les spots d'art urbain de l'été Imprimer
Jeudi, 07 Avril 2016 06:00

C’est aussi ça, la magie de l’art urbain : il y a la ville d’hier, la ville de demain et, entre les deux, des interstices où graff, pochoirs et autres installations viennent s’immiscer. Avec les spots incroyables qu’ont déniché les assos Transfert et Alchimist/3GC, les artistes vont se régaler cet été. Et nous avec.

 

Et tout ça ne se limite pas à des friches industrielles périphériques, Transfert l’avait bien montré l’an dernier en investissant en plein centre-ville l’ancien commissariat Castéja, occupé trois mois durant avant sa reconversion. Rebelote cette année, avec carrément pignon sur rue sur une place Gambetta en pleine réhabiliation : pour Transfert #6, ce sont les locaux du Virgin Megastore, fermé en 2013, qui serviront de terrain de jeu au collectif, à sa quinzaine d’artistes et à ses invités.

Soit 5 000 m2 à exploiter sur cinq niveaux ! S’il est encore trop tôt pour confirmer les noms des invités, on peut déjà dire que, du 25 juin au 25 septembre, le dispositif devrait rester peu ou prou le même que l’an dernier : des visites commentées, des afterworks, quelques week-ends événementiels avec des concerts et autres performances, et des initiations à l’art de la bombe.  

À ceux qui trépignent déjà d’impatience, on rappellera que Transfert est aussi partenaire de Station Campus, sur la zone Talence-Pessac-Gradignan (tram B Montaigne-Montesquieu). La réhabilitation du campus offre en effet du mur à prendre et, en plus de graffer, les artistes du collectif proposent des ateliers découverte et de réalisation de fresque. Nouvelle session mercredi prochain, de 17h à 20h (sur inscription via le site).
www.expotransfert.fr

“Agitez bien”
L’autre gros “event” attendu cet été se nomme Shake Well (“agitez bien” en anglais), qui va s’attaquer du 1er au 3 juillet à un autre symbole du patrimoine bordelais, les murs d’enceinte de l’usine Lesieur, aux Bassins à flot. À l’origine de cette initiative, l’asso Alchimist, structure porteuse d’un collectif d’une quinzaine de purs graffeurs d’ici mais aussi de Nantes, Paris ou Montpellier, plus connu dans le monde du graff sous l’appellation 3GC. Outre sa participation récente à Back To School à Talence piloté par Manu Faktur, c’est à lui qu’on doit l’événement “Bordeaux sous les bombes” qui avait retourné Darwin il y a deux ans (notre édition du 1er juillet 2014).

Avant de vouer son site à la démolition/reconversion, Lesieur, approché par le collectif, a accepté de leur livrer. Et comme le crew n’en était pas à son coup d’essai, l’annonce a vite fait tache d’huile. « Comme Lesieur a adhéré tout de suite, la Ville et la Métropole ont suivi sans hésiter et ça nous a ouvert pas mal de portes, note Jonathan “Docteur Jonz” Pellen, de 3GC. C’est comme ça que les Entrepôts maritimes nous ont ouvert leurs murs et les hangars 27 et 29. On se retrouve avec une surface de fous, 5 000 m2 avec des murs jusqu’à 10 mètres de haut ! » Là aussi, trop tôt pour parler invités – l’ambition et les connections du collectif pousseraient à viser l’international, mais tout dépendra des soutiens que l’asso obtiendra.

Passé les trois jours, contrairement à Transfert, les murs resteront visibles jusqu’à démolition (fin 2016 ou 2017 selon les spots). Mais l’éphémère est le destin de l’art urbain, un terme que, chez Transfert comme chez 3GC, on préfère à “street art”, devenu trop fourre-tout... •
Facebook : 3GC et Alchimist Asso

Sébastien Le Jeune

 

Photo : Deux concepts différents : indoor sur trois mois pour Transfert dans les anciens locaux de Virgin place Gambetta, outdoor sur trois jours pour le Shake Well aux Bassins à flot, entre les usines Lesieur et le H29. © Archives Stéphane Lartigue / Sud Ouest