Cette année, le Prix Opline joue aux fantômes Imprimer
Mardi, 04 Octobre 2016 05:00

La “revenance”, ou le mythe de l’Éternel retour, un classique de l’art choisi pour thème de la 8e édition de l’Opline Prize, le prix d’art contemporain né à Bordeaux, où le public peut voter en ligne parmi les 10 artistes proposés – une œuvre d’art à la clé.

 

Un thème retenu par l’invité d’honneur de ce cru 2016, le prestigieux plasticien et photographe parisien Alain Fleischer, qui ouvre bien des portes d’interprétation, on le verra dans la sélection des 10 artistes retenus par le comité de 10 éminents commissaires dans lequel on retrouve des artistes non conventionnelles comme Orlan ou Catherine Ikam, mais aussi la critique d’art Alexia Guggémos ou la philosophe Geneviève Fraisse par exemple.

Revenance évoque irrésistiblement la figure du fantôme, la mort, la mémoire et la résurgence du passé. Des notions qu’on retrouve abordées de front ou en filigrane par les “corps spectraux” de Smith [1], les objets survivants d’un incendie réagencés par Judith Baudinet [2], les errances filmées d’Antonin Amy-Menichetti [3], les souvenirs collectés en images et voix par Cléa Coudsi et Éric Herbin [4].

La revenance peut aussi signifier l’éternel recommencement, le cycle de la vie, de l’Histoire et de l’art. Louise Hervé et Chloé Maillet jouent sur ce registre usant de théâtre et de performances pour parler utopies et révolutions [5]. Prune Nourry a revisité à sa manière la fameuse armée d’argile chinoise du mausolée de l’empereur Qin : sans aller jusqu’à 8 000 statues, elle a façonné une armée de 116 fillettes pour rappeler qu’en Chine, avec la politique de l’enfant unique, 50 millions de femmes n’ont jamais vu le jour [6].

Jusqu’au 1er novembre
Pas de Prix Opline sans arts numériques. Dans la sélection, les installations immersives et performances hallucinantes [7] d’Adrien M et Claire B (dont plusieurs spectacles sont passés dans le secteur), et celles [8] du duo Nonotak (Noemi Schipfer & Takami Nakamoto). Enfin, quand Caroline Delieutraz joue à l’archéologue d’Internet [9], Patrick Tresset se demande si les machines deviendront un jour des artistes [10].

Tout digital soit-il, le Prix – et cette édition en particulier – repose beaucoup sur des vidéos et installations. On peut s’en faire une bonne idée sur le site, mais pour bien voter d’ici au 1er novembre, deux moments privilégiés avec plus de contenu : une soirée à Darwin vendredi 14 et, surtout, ce samedi à la Station Ausone de Mollat, l’intégrale des vidéos projetée dès 15h en présence d’Alain Fleischer himself ! •

Sébastien Le Jeune

www.oplineprize.com

Photo : Pour Albert Jacquard, 86 ans, l’esprit de compétition, la compétitivité «nous mènent droit dans le mur». Photos DR des artistes sauf 8 : © Laurence Fragnol