"L'Été Diabolik” : Mystère psychédélik dans les sixties Imprimer
Mardi, 24 Janvier 2017 06:00

Lauréat du Prix BD Fnac 2017, « L’Été Diabolik » entretient un suspense machiavélik. De bonnes cartes en main avant d’entrer en compétition ce week-end au Festival d’Angoulême dans la sélection Prix Polar SNCF.

 

« Bienvenue dans le psychédélisme rococo ! » s’exclame Thierry Smolderen dans le passionnant appendice de ce nouvel album qui l’est tout autant. Le scénariste belge savoure, et nous avec, le léger glissement dans le temps qui les ont fait passer, lui et le dessinateur français Alexandre Clérisse, d’un hommage à la science-fiction des années 1950 et à son trait à l’économie (« Souvenirs de l’empire de l’atome ») à la flamboyance des sixties, années pop par excellence. Couleurs chatoyantes, ligne souple, découpage libre et clins d’œil à Warhol, Mondrian... et James Bond, c’est du vintage à souhait pour des planches magistrales.

Le tout pour servir une histoire riche en tiroirs et rebondissements – et moins complexe que la précédente. Où l’on suit Antoine, 15 ans à l’été 67, le sport, la plage, les amis, les flirts... Jusqu’à ce que tout bascule : sa petite amie file abruptement à l’anglaise, un grand patron se suicide, son père disparaît dans des circonstances mystérieuses...

1987, deuxième partie. Vingt ans plus tard, Antoine, devenu écrivain, retrouve peu à peu des pièces du puzzle et comble les zones d’ombre. Ex-Nazis et KGB, assassinat des Kennedy, espions et agents doubles : et si la Guerre froide avait à voir avec tout ça ?

Inspiration n’est pas copie. Et si l’auteur et le dessinateur lorgnent sans s’en cacher du côté des “fumetti” (BD en série) italiens – en tête, celles avec le criminel masqué « Diabolik » des soeurs Giussiani –, Smolderen a la narration moderne et Clérisse, surtout, le talent de puiser dans la source pour offrir un dessin revigoré. Magnifik ! •

Sébastien Le Jeune

Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse « L’Été Diabolik » (Dargaud), en vente à la Fnac, 21€
Clérisse sera en dédicace à la Fnac Sainte-Catherine le 15 février (15h, entrée libre).

Photo : « Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz ! » Retour au temps des bons vieux co(s)mic trips chers à Gainsbourg © Dargaud