Charles Jude suspendu de ses fonctions à l'Opéra de Bordeaux Imprimer
Mardi, 21 Février 2017 01:04

Dès que « Bordeaux7 » part en vacances, la crise reprend de plus belle à l’Opéra de Bordeaux. À Noël, le Ballet menaçait de faire grève. Cette fois, c’est la direction de la grande maison qui a suspendu de ses fonctions Charles Jude, le maître du Ballet, il y a une dizaine de jours.

 

Ambiance délétère sous les ors, et à tous les étages. Dans un contexte de baisse de dotations, les personnels de l’Orchestre, du Chœur, du Ballet et les techniciens redoutaient à la fin 2016 que le serrage de ceinture menace un certain nombre de postes, actuellement laissés vacants. Le Ballet, en particulier, s’inquiétait de ne plus pouvoir assurer son rôle de transmission de grandes œuvres du répertoire classique. D’où la grève qui a failli avoir lieu lors de la représentation de « Coppélia » à la Saint-Sylvestre. Le syndicat Snam-CGT a ensuite annoncé que l’affaire allait être portée devant le tribunal administratif (notre édition du 7 février).

Et pendant ce temps, le torchon brûlait entre le directeur de la danse, le chorégraphe Charles Jude, d’un côté, et de l’autre, le directeur artistique, le chef Marc Minkowski, et l’administrateur général Olivier Lombardie.

Dans un courrier adressé au personnel le 10 février, l’élue Laurence Dessertine, présidente du conseil d’administration de l’Opéra, a annoncé la suspension qui avait été signifiée à Charles Jude 10 jours plus tôt, levant le voile sur les raisons de la discorde : « désaccord qui l’oppose à la Direction générale autour de demandes personnelles » et surtout « posture globale de refus de collaborer, voire de dénigrement ».

« Responsable de fuites »

« Incompréhensible », a rétorqué le maître de danse dans un entretien au journal « Sud Ouest » paru mercredi dernier (à retrouver sur sudouest.fr). « Je n’ai jamais dénigré l’Opéra de Bordeaux, assure-t-il. On me tient responsable de fuites sur les réseaux sociaux alors que je ne suis ni sur Twitter, ni sur Facebook, ni sur aucun autre réseau. Quant à un prétendu refus de collaborer, j’étais disposé à créer la chorégraphie du spectacle de rentrée de l’Opéra. J’avais commencé à travailler dessus, jusqu’à ce que j’apprenne par la presse que ce serait finalement Blanca Li qui s’en chargerait. »

Pour l’instant seulement suspendu le temps de l’enquête administrative interne, Charles Jude ne dialogue plus avec l’institution que par l’intermédiaire de ses avocats. Mais, déjà, des noms de futurs remplaçants commencent à circuler en coulisses.

Au même moment, les danseurs du Ballet ont poursuivi leur lutte pour le maintien intégral des 39 postes en lançant une pétition à destination de Laurence Dessertine sur le site change.org. Intitulée « Sauvez le Ballet classique à Bordeaux », elle a déjà atteint quelques 6 400 signatures en une dizaine de jours. •

 

Photo : Charles Jude (à g.) ne s’exprime plus que par l’entremise de ses deux avocats © Stéphane Lartigue / Sud Ouest