Rue des Faures, la vie en Rose (de Tunis) Imprimer
Mardi, 08 Mars 2016 06:00

stmich Tunis SO QSweb« C’était le 18 juin 2005 ! Il y a des dates qu’on n’oublie pas...»  Le gérant de La Rose de Tunis, pâtisserie orientale de la rue des Faures, se souvient très bien de la date d’ouverture de sa boutique. Jamel Achaach arrivait alors de Paris,  cherchant un endroit pour s’installer. Ce fut Bordeaux, et surtout ce fut Saint-Michel.

Un peu par hasard, puisqu’il ne connaissait rien de la ville, mais un hasard qui a bien fait les choses. « Ca m’a plu tout de suite, même si le quartier à l’époque ne ressemblait pas à ce qu’il est aujourd’hui. Déjà je trouvais ça joli. Après quinze ans dans le même quartier à Paris, je n’avais établi aucune relation avec les gens autour, les commerçants. Ici cela s’est fait très vite. Ce que j’aime surtout c’est qu’on voit des gens très différents et qu’en restant 10 minutes sur le trottoir on entend parler toutes les langues.»

Une gamme de 70 gâteaux
Issu d’une « famille de pâtissiers », Jamel Achaach a donné en dix ans une belle réputation à sa Rose de Tunis. Dans les vitrines, des dizaines de gâteaux différents font de l’oeil aux clients. Les grands classiques de la pâtisserie orientale, bien sûr, mais aussi quelques créations maison. Difficile de choisir, et cela plaît au patron : « j’adore quand les gens viennent en famille et qu’ils passent 10 -15 minutes à regarder avant de se décider », sourit-il.
Dans l’arrière boutique, avec deux employés, il prépare aussi des commandes pour de nombreux restaurants ou salons de thé dans toute la région. Une bonne partie de son activité se fait donc en dehors de Saint-Michel, mais la Rose de Tunis est bien enracinée dans son quartier. Elle a survécu aux travaux, en a profité pour refaire sa devanture et être prête pour le renouveau des alentours. Elle a vu le quartier changer. En bien, estime Jamel, qui ne fait pas partie de ceux qui craignent que Saint-Michel perde son identité. C’est à dire, en clair, « qu’on chasse les arabes du quartier.» Il trouve Saint-Michel plus joli, plus propre, et ne voit pas le mal dans les programmes de réhabilitation. « L’identité du quartier et son image auprès des gens, reposent sur nous tous : les commerçants, les habitants, les gens qui travaillent ici. C’est nous qui pouvons changer notre quartier, en bien.» En soignant l’accueil, en animant les rues et les places...

Question d'image
Plus que de la “boboïsation”, Jamel se plaint surtout de l’image néfaste que donnent « quelques groupes de gamins qu’on laisse faire du deal en pleine rue. Cela nous nuit à tous, car cela donne une mauvaise image même si dans les faits il n’y a rien à craindre d’eux. Je pense qu’il y a encore des gens, surtout d’un certain âge, qui ne veulent pas venir à Saint-Michel à cause de cette image.» Commerçant avant tout, il déplore aussi les difficultés de stationnement.
Pour autant, il en est persuadé : « Saint-Michel c’est déjà super, mais dans quatre ou cinq ans ce sera encore dix fois mieux. Ce sera le coeur de Bordeaux ! » • Sophie Lemaire

Photo archives Quentin Salinier / Sud Ouest