La Bastide : attention, transformation ! Imprimer
Lundi, 04 Avril 2016 06:09

 

bastide SO CP webCeux qui s’étonnent, lorsqu’ils traversent le pont, des transformations de la Bastide n’ont encore rien vu.

C’est vrai qu’il s’en est passé des choses depuis quinze ans sur cette rive droite de Bordeaux longtemps délaissée, au mieux ignorée, au pire méprisée par « l’autre côté de l’eau ». L’ex-friche industrielle, quartier populaire peu séduisant au premier regard, a enclenché sa mutation au tournant du siècle. Quinze ans plus tard, si la frontière du fleuve existe encore dans l’esprit de quelques bordelais enracinés dans la rive gauche, le quartier est devenu attractif pour les nouveaux arrivants dans la capitale girondine. Le tram puis le pont Chaban l’ont rapproché du coeur de la ville, des entreprises (tertiaires) s’y sont installées, et son bord de fleuve verdoyant est devenu un lieu de balade presque aussi prisé que les quais minéraux de la rive gauche.

Bye bye les friches
Mais cela n’est pas terminé. « C’est le quartier de la ville qui a le plus gros potentiel de croissance,» explique le maire de quartier Jérôme Siri, chiffres à l’appui. Si la Bastide (qui inclue administrativement toute la partie rive droite de la commune de Bordeaux) compte aujourd’hui environ 15000 habitants, le projet urbain Bordeaux 2030 en prévoit en effet 30 000. L’estimation est peut-être un peu haute, mais l’idée générale est claire : doubler sa population en quinze ans, ça n’est pas rien. De nouveaux quartiers sortiront de terre à la façon de ce que vivent actuellement les Bassins à flot : Brazza, Niel, Belvédère... Il faudra que la suture prenne avec le reste du quartier. Mais le changement interviendra aussi au sein de l’existant : la Cité de la Benauge a entamé sa mutation dans le cadre des programmes nationaux de l’ANRU (opération de renouvellement urbain). Divers programmes viendront aussi redynamiser ou densifier le tissu urbain du quartier : le long du boulevard Joliot-Curie, sur l’îlot Peugeot, la cité Paul Boncour, l’îlot Queyries... Et on ne compte plus les projets diffus, qui viennent combler une dent creuse, investir un terrain vague, transformer un ancien entrepôt... bref, profiter du « potentiel » longtemps ignoré du quartier.  

Et le village ?
« Actuellement, la croissance démographique du quartier est la même ce celle de la ville dans sa globalité,» souligne Jérôme Siri.  Pas de ruée, donc. Le prix de l’immobilier, après une hausse en effet de rattrapage sur la rive gauche, ne s’est pas non plus envolé. Mais la vraie croissance démographique devrait commencer en 2019, avec la sortie de terre des premiers programmes des nouveaux quartiers. « L’habitat c’est une chose, mais il faut aussi du boulot et des équipements,» tempère le maire de quartier, qui assure que ces enjeux font partie de la réfexion globale menée sur l’évolution du quartier. « Nous sommes en train de faire un inventaire du tissu existant pour que chacun, en termes d’emploi ou d’activité économique, puisse trouver des motifs de croissance dans l’essor à venir du quartier.»
Comme toujours dans les zones en mutation, certains applaudissent, d’autres s’inquiètent ouvertement. La Bastide fait partie de ces quartiers dans lesquels le sentiment d’appartenance est profond. Moins du fait d’une réelle identité commune au quartier, qui fonctionne beaucoup par secteurs (allées de Serr, rue de la Benauge, cité de la Benauge, Stalingrad-Thiers... chaque pôle a ses associations de commerçants et de riverains, nous en parlerons demain), que par opposition à « l’autre côté de l’eau.» Celui de l’hyperurbain. Bien que tout proche de l’hypercentre, la Bastide cultive son côté village, moins dense et plus tranquille qu’en face. Qu’en sera-t-il dans quinze ans ? • Sophie Lemaire

Photo Claude Petit / Sud Ouest