Jean-Claude Meymerit rêve la Bastide en "Faubourg" Imprimer
Lundi, 04 Avril 2016 08:16

Meymerit-3380-SLJwebInstallé depuis maintenant 15 ans près de la Maison Cantonale avec son Poquelin Théâtre, Jean-Claude Meymerit a un avis réservé quant à l’évolution de la Rive droite.

« Quinze ans qu’on me dit que ça va évoluer, mais je ne vois pas grand chose venir. Bien sûr, ça construit, donc ça fait venir des gens. Mais pendant ce temps, toutes les associations qui s’étaient installées sont reparties, aucun théâtre nouveau ne s’est implanté, c’est à peine s’il y a une galerie... »
À l’heure de fêter la 500e des “Mots du mardi” (demain soir à la halle des Chartrons), rendez-vous mensuel 25 ans d’âge où tout un chacun peut venir déclamer textes, poèmes, chansons ou anecdotes, le directeur-fondateur du Poquelin Théâtre a de l’amertume dans la voix dès qu’il s’agit d’évoquer l’évolution du quartier. « Quand je m’y suis installé, un élu dont je ne citerai pas le nom avait voulu me prévenir : “Un théâtre à la Bastide ? Mais il n’y a que des gens incultes !” Et je lui avais répondu “C’est justement ce qui m’intéresse !” » Depuis, il défend son lieu comme un havre de dialogue, de lien social. « Je parle beaucoup et, surtout, je m’investis beaucoup » : dans ses murs, il accueille d’autres compagnies et supervise ses “Loupiots”, sa troupe de jeunes : au-delà des murs des anciens bains-douches où le théâtre a migré il y a quatre ans, il intervient auprès du club seniors de la Bastide avec des ateliers d’écriture (« ça les remue un peu », sourit-il), il anime des ateliers de mise en situation pour des migrantes parlant mal le français, il fait visiter son quartier en lien avec l’Office de tourisme...

« Exister autrement dans la ville »
Un quartier où, grâce au tramway, « on y vient plus qu’avant », reconnaît-il. « On a gagné en visibilité de l’extérieur, mais sinon ? C’était bien parti, les premiers aménagements avaient permis de décloisonner tout le secteur, auparavant clivé par les usines, les lignes ferroviaires. Mais maintenant, on recrée des îlots : Bastide, Benauge, Queyries, Thiers, les futurs Brazza et Niel... Autant de bulles – un peu comme Darwin – sans que rien ne soit fait pour valoriser la particularité de ce quartier. C’est comme si on voulait en faire un quartier identique aux autres, alors que cette situation de l’autre côté de la Garonne aurait dû en faire un faubourg, un peu comme à Paris : un secteur qui existerait autrement dans la ville, avec un patrimoine mis en valeur et une culture forte. »
Et de déplorer l’arrêt des projets d’aménagements piétonniers autour d’une Maison Cantonale qui devait être dotée d’une programmation culturelle digne de ce nom. « C’est la faute à personne et la faute à tout le monde. J’espère qu’il n’est pas trop tard pour créer une identité et une culture communes. Mais comment attirer d’autres structures si on est deux pelés ? » • SLJ