Bastide : Stalingrad et Thiers, l'épine dorsale Imprimer
Mardi, 05 Avril 2016 10:28

tgier SO SLAR copieStalingrad, porte d’entrée dans la Bastide, et l’avenue Thiers, son épine dorsale, cultivent leur différence. Épicentres du quartier, elles regroupent la plus grosse part de l’offre commerciale du secteur, avec la particularité de reposer essentiellement sur du commerce indépendant.

Peu de chaînes et de grandes enseignes ici, même sur la place Stalingrad où les vitrines se sont pourtant largement renouvelées. Et peu de chance de voir les banques y proliférer puisque la ville a “gelé” toute possibilité de nouvelle installation.
L’offre en restauration y est importante, mais toutes les propositions ne parviennent pas forcément à durer dans le temps, et certaines se limitent au service du midi, laissant la place parfois amorphe en soirée. Le Wasabi Café et ses sushis de qualité font figure d’institution. L’ancien patron a déménagé de quelques mètres seulement pour ouvrir en septembre 2014 une enseigne de la franchise bordelaise “Bistro Régent”. Dans un style différent, l’enseigne Pitaya s’apprête à ouvrir sur la place.
Début 2016, une nouvelle association de commerçants s’est créée, baptisée Bordeaux Rive Droite et présidée par Rodrigue Valverde (restaurant Noonie’s). Objectif : booster l’attractivité du quartier en y insufflant plus de vie et d’animations, notamment commerciales.

domergue horiz EMDomergue, des générations de commerçants
S’il y a une habitante de la Bastide qui a été témoin de l’évolution de ce quartier ces dernières années, c’est bien Delphine Domergue ! Et pour cause : cette épicière passionné de musique a grandi ici, comme une bonne partie de sa famille, elle aussi commerçante. « Mon arrière grand-père tenait un estaminet au bout de la rue Lafon, puis mon père, mon oncle et ma tante ont eu un magasin d’électro­ménager avenue Thiers. Moi aussi, j’ai toujours eu une âme commerçante. J’ai donc suivi le pas », résume cette entrepreneuse dynamique qui a installé son épicerie en 2010 au 53, avenue Thiers, avant de déménager depuis le 8 mars au numéro 24.
Sur les étals de son commerce, fromages variés et produits de charcuterie mettent en appétit le client. À côté, une gamme de bières, de confitures, de pâtes italiennes ou d’épices en tous genre tapissent également le décor, tout comme un coin “potager”, où les clients peuvent faire le plein de légumes. « Je suis assez proche des petits producteurs, du travail artisanal, du commerce de proximité, c’est important à mes yeux », confie Delphine Domergue. « J’adore manger. Et quand on est amoureux de la nourriture, on a envie de donner de la qualité aux gens. » Côté clientèle, la commerçante est ravie de voir aussi bien des « jeunes de 20 ans » que des travailleurs de la rive droite ou des habitués du quartier franchir quotidiennement le seuil de son épicerie.  
Reste que si la clientèle est au rendez-vous, le « prix des loyers trop onéreux » du quartier empêche toutefois certains commerces de perdurer, selon l’épicière : « À la Bastide, on est au-dessus des prix de la rive gauche. L’ancien côté populaire du quartier me manque un peu », admet la commerçante. « Mais les nouveaux arrivants sont super ! », assure-t-elle. « Quand j’ai ouvert mon épicerie il y a cinq ans et demi, hormis le Vival et le Carrefour Market, il n’y avait pas grand-chose dans le quartier. Aujourd’hui, les commerces qui tiennent sont ceux qui font de la qualité. C’est dur pour certains mais on fait ce qu’on aime, on se ressemble un peu tous. »

cavavins horiz EMLa cave à vin s'anime
Rencontrer des caves à vins dans le centre­-ville de la cité bordelaise, cela n’a rien d’étonnant. Mais à la Bastide, elles sont pourtant loin d’être légion... Nicolas Laurent, ancien étudiant en marketing et ex-salarié d’une agence d’événementiel, a donc eu l’idée d’ouvrir en août 2013 “Ma Cave à Vins”, sur l’avenue Thiers, à deux pas de la place Stalingrad. « À l’époque, en ouvrant ma cave à la Bastide, j’ai dû prendre le risque de ne compter que sur une clientèle essentiellement du midi », explique ce féru de vin de 29 ans originaire du quartier Saint-Augustin. Aujourd’hui, l’entrepreneur est satisfait : « Je m’éclate, je suis content, ça marche bien ! » Dans sa boutique, on se procure des bouteilles de blanc ou de rouge pour « un prix moyen de 12 à 15€ », selon Nicolas Laurent, qui ne se contente pas de faire découvrir de bons crus bordelais dans ses étagères, « mais aussi de très bons vins argentins, africains, australiens, etc. ». Cela tombe bien car ici, les clients bordelais, parisiens ou parfois étrangers sont très « ouverts » et curieux de découvrir également une gamme de champagnes, bières, gin, whisky ou rhum et un petit rayon épicerie. Toute l’année, le lieu accueille aussi et surtout de nombreux événements : dégustation, rencontres avec des vignerons, soirées « accord mets et vins » ou tours du monde à l’aveugle... : « Cela permet de faire des soirées conviviales, de créer de l’animation dans le quartier », explique Nicolas Laurent. « L’an dernier, on a organisé 97 soirées ! » A partir de mi-mai, l’entrepreneur mettra les bouchées doubles en travaillant avec Ingrid Lafon de la librairie Le Passeur, située à quelques mètres : « Je vais lancer un bar à vins. Nous allons installer un comptoir cuisine ouvert, un restaurant avec 18 couverts ouvert du jeudi au samedi soir. Ingrid m’aidera à cuisiner. Cela permettra de faire sortir les gens le soir dans le quartier. »

Mais aussi...
Si l’on y on trouve de quoi satisfaire les appétits dans les styles les plus divers, de quoi aussi trouver un logement et s’assurer à sa guise, l’offre commerciale de l’avenue Thiers est aussi faite de propositions diverses et parfois singulières : une librairie (Le Passeur, dont nous parlerons plus en détail demain), une boutique de coiffure aussi spécialisée dans les perruques (Wigs), une autre qui vend du matériel pour la boxe et les arts martiaux, ouverte en 2013 par le champion de boxe thaï Albert Veera Chey (Top King).
L’avenue manque en revanche d’artisans de bouche (boucherie, poissonnerie...). Et contrairement à d’autres artères commerçantes, l’offre en mode est assez limitée. Le Comptoir de la Bastide y a donc pignon sur rue, avec son magasin qui cumule les avantages du commerce indépendants et ceux de la (petite) franchise, puisque le concept du Comptoir des Quartiers, né à Saint-Augustin, s’est peu à peu diffusé à Bordeaux et ailleurs. On y trouve vêtements et accessoires et, juste à côté, un dépôt-vente pour femmes et enfants chez Comme des Grands.• SL et EM