Bastide : le Mégarama en plein tournant Imprimer
Mercredi, 06 Avril 2016 10:49

megarama2 SO PT copieAssurément, Jean-Pierre Lemoine a eu du nez quand il a choisi d’installer un cinéma Mégarama sur la rive droite de Bordeaux. Au tournant du siècle, la Bastide était bien loin de ressembler à ce qu’elle est aujourd’hui, mais le patron du groupe familial de cinémas en a perçu le potentiel, au point d’y construire le 2e plus gros établissement de sa chaîne.

« Lorsque nous sommes arrivés, personne ne voulait venir car le coin était considéré comme un coupe-gorge, rappelle le directeur François Garcès. Aujourd’hui le quartier se développe, et c’est sur la rive droite que se trouve l’avenir de l’agglo. »

Cinéma populaire
Le cinéma, qui fut assurément l’une des locomotives du renouveau du quartier, a trouvé sa place et sa clientèle grâce à deux atouts : il était à la fois le seul multiplexe sur la rive droite de l’agglo, et aussi le seul cinéma de (presque) centre-ville doté d’un grand parking gratuit. Dans le paysage très concurrentiel des cinémas bordelais, il s’était positionné sur le créneau d’une programmation populaire et grand public. Pas de prise de risque dans le choix des films, pas de VO (sauf exception). Un choix jusqu’ici plutôt gagnant. Mais la donne est en train de changer.
Côté stationnement, les derniers mois ont été un peu troublés. Le cinéma a vendu la parcelle de terrain qui constituait son parking à ciel ouvert, mais reste propriétaire d’une partie du parking souterrain situé sous la résidence en construction. Les travaux s’achèvent mais, malgré les solutions de parkings provisoires trouvées ces derniers mois, l’établissement a clairement ressenti une baisse de fréquentation. Moins 10%, a calculé François Garcès, pas vraiment surpris : « Pas de parking, pas de business. » Le parking sera de retour d’ici la fin du mois, avec une formule de gratuité (2h30) pour les clients.

Concurrence
Mais l’environnement aussi a changé. Un multiplexe CGR est né à Rive d’Arcins, rapidement accessible depuis la rive droite par la rocade. Et surtout, deux autres complexes cinématographiques ont été autorisés à ouvrir ces prochaines années dans la zone de chalandise du Mégarama : 13 salles aux Bassins à flot, 7 salles à Sainte-Eulalie. François Garcès ne décolère pas. « Dans cette ville, on dit oui à tout parce qu’on a soif d’expansion et qu’on veut devenir gros. On considère que la multiplication des projets est la preuve d’un certain dynamisme. Mais il faudrait aussi qu’on pense aux acteurs qui sont là depuis 20 ans et qui ont contribué au développement de cette partie de la ville. » Clairement, le Mégarama s’attend à souffrir de cette nouvelle concurrence. Les Bassins à flot – où le futur cinéma portera l’enseigne du très puissant groupe UGC – vont reprendre la clientèle issue de la rive gauche que le Mégarama avait pu récupérer grâce à l’ouverture du pont Chaban. Pour résister, le cinéma a déjà commencé à investir dans des équipements de pointe (la grande salle est équipée de projecteurs laser, uniques à Bordeaux), va renouveler son parc de fauteuils, repenser le cheminement des clients, proposer des services inédits... Bref, devoir s’adapter à son nouvel environnement.•  S.Lemaire