Au centre Argonne, la crème de la danse hip hop Imprimer
Mercredi, 25 Mai 2016 06:00

L’héritage du passé a fait du centre d’animation Argonne Nansouty Saint-Genès le spot en pointe sur les cultures urbaines. À tel point que les pointures s’y pressent et ont monté un collectif, Get Up Bordeaux.

 

 

Si Hamid vous fait la visite non sans une certaine fierté, c’est qu’il est ici un peu comme chez lui et : « Tu vois, ici, chaque soir, il y a jusqu’à une cinquantaine de jeunes qui se réunissent pour danser ! » Ici, c’est la salle polyvalente de centre Argonne, qui se change chaque soir en petit temple du hip hop. Et le Hamid en question n’est autre qu’Hamid Ben Mahi, le danseur et chorégraphe fondateur de la Cie Hors Série, l’une de nos compagnies de danse hip hop qui tournent le mieux en France et au-delà. Sa compagnie a ses bureaux à deux pas de ce centre encore flambant neuf (inauguré en octobre 2014) depuis les gros travaux de restructuration au 1 bus de la rue Lhérisson... Si neuf que le graffeur Blade n’a pas encore fini de l’habiller avec ses ateliers avec les habitants.

Colonne vertébrale
Comment expliquer une telle prédilection pour les cultures urbaines à Nansouty ? « C’est la même équipe qui était au centre Barbey avant d’arriver ici, explique Thierry Charenton, le directeur adjoint du centre. Une équipe qui avait à cœur de mettre la culture au centre de son projet social, comme outil de rencontre, de partage, de vivre-ensemble. La tendance hip hop est née avec le Carnaval 1999 : on avait sollicité des danseurs venus de plein de structures différentes (dont Hamid), qui se sont ensuite structurés en une asso qui nous a suivis jusqu’ici. »

Bien sûr, les cultures urbaines ne font pas toute l’activité du centre. On y trouve les classiques – ateliers informatique, arts plastiques, etc. – et bien d’autres intervenants : la Cie Lullaby en danse contemporaine, la chorale rock Oblic Solution, Jongl’Argonne, la troupe de théâtre d’impro La Marmaille... Mais elles en forment la “colonne vertébrale” et ça continue à se développer. « Ce n’est pas nous qui imposons nos projets, reprend Thierry Charenton. Nous faisons avec les propositions des habitants, si elles s’accordent avec le projet socio-culturel du centre. Par exemple, les modules de skate dehors, c’était l’idée de deux jeunes au départ. On les a accompagnés pour qu’ils construisent eux-mêmes leurs modules et leur rampe... et maintenant leur asso compte 150 adhérents ! »

« Concentration d’activistes »
Un peu de glisse, un peu de graff, un peu de musique aussi avec un mini-studio monté pour les artistes et MCs... Mais la danse hip hop reste au cœur du dispositif. Car, pour elle, on y vient de tout Bordeaux et au-delà ! « C’est simple, c’est le premier endroit où je suis venu en arrivant à Bordeaux », se souvient Omar Remichi. Le danseur, déjà l’un des meilleurs d’Algérie, a été repéré par Ben Mahi. Sous son blaze Chakal, il a multiplié les titres : champion de France et vice-champion du monde avec La Smala, meilleur B-boy européen en 2012... Devenu directeur artistique de l’AFV à Villenave-d’Ornon, il n’en reste pas moins un fidèle du centre : « C’est là que je prépare mes battles. »

Et il n’est pas le seul, loin de là : Thomas Lafargue de la Smala, Priska de 197 Box, Hassan Sarr des Associés Crew, et même Norton Antivilo d’Acta Est Fabula et Positive Attitude (Marcheprime) et Ilyes Falami de Foksabouge  (Saint-André-de-Cubzac)... Tous y ont leurs habitudes. « Cette concentration d’activistes est assez unique en France, note Hamid Ben Mahi. Alors, ensemble, on a créé Get Up Bordeaux pour monter des événements chaque trimestre, ici ou hors les murs. Modestes pour l’instant, mais avec l’ambition de partager notre passion avec le public le plus large possible, faire naître des croisements et casser le carcan autour des cultures urbaines. À terme, pourquoi pas un festival sur plusieurs jours qui réunirait toutes les générations... » •

Sébastien Le Jeune

 

www.centres-animation-quartiers-bordeaux.eu et Facebook : Get Up Bordeaux.

Photo : Omar “Chakal” Remichi et Hamid Ben Mahi, ci-dessus avec le directeur adjoint du centre, Thierry Charenton, n’ont pas hésité à donner de leurs personnes lors de la Get Up Chill Party, l’un des premiers événements de Get Up Bordeaux... qui devrait en appeler de bien plus larges © Bordeaux7