Classique aux Balcons : (Musique de) Chambre avec vue Imprimer
Mercredi, 15 Juin 2016 06:00

De la musique classique au pied des tours du Grand Parc, incongru ? Pas du tout, si l’on en croit les bons retours des habitants après les préludes de Classique aux Balcons, la nouvelle manifestation imaginée par In Cité avec l’association Les Caprices de Marianne. Coup d’envoi vendredi.

 

« Quelle joie quand j’ai appris que les concerts jeune public affichaient complet à la bibliothèque ! Je crois que c’est la première fois pour eux. C’est à ce genre de signe que je pense que notre initiative fait vraiment sens dans le quartier ! » Ce cri d’enthousiasme est signé Marianne Muglioni, la directrice artistique et fondatrice des Caprices de Marianne. Pourtant, c’était un vrai défi que lui a lancé In Cité par l’entremise de son directeur général, Benoît Gandin.

C’est lui, en réalité, qui est à l’origine de cette semaine où la musique de chambre investira tout le quartier. Un bailleur social organisateur de concerts ? « In Cité dans le Grand Parc, c’est près de 1 000 logements administrés, plus les deux centres commerciaux Europe et Counord, répond-il. Mais alors que nous sommes engagés dans de nombreux travaux, j’ai pensé qu’il était temps qu’on franchisse un cap, qu’on change de la posture classique du bailleur social où je trouve qu’il manque une dimension plus humaine, un rapport plus étroit avec le quartier et ses habitants. Un événement culturel était parfait, mais nous ne le voulions pas plaqué, comme conçu dans un bureau. »

Bonne rencontre
Comme souvent, la concrétisation de ce doux rêve est né d’une bonne rencontre. Déjà féru de classique, Benoît Gandin a croisé la route de Marianne Muglioni : même préoccupation d’un rapport plus direct avec le public, Classique aux Balcons était sur les rails.

« Si j’ai choisi d’exercer en intermittence mon métier de musicienne du rang pour de grands orchestres (Opéra de Paris, Radio France, Orchestre de Tours...) pour me consacrer à mon association, c’est parce que j’ai toujours aimé la transmission, explique la violoncelliste. Or dans le classique “classique”, je trouve que ça manque d’échange avec le public, et que le cérémonial un peu désuet, son côté parfois impressionnant dans les grandes salles de concert, nous font passer à côté de beaucoup de gens. Les Caprices, c’était pour moi un moyen d’apporter le classique à des publics “isolés” – les enfants, les malades, les ruraux, les gens des quartiers... Je pense qu’il y avait une vraie demande de ce côté-là parce que, depuis sa création en janvier 2015, l’activité de la structure prend de l’ampleur très rapidement. »

Jeans-baskets ou tenue de concert ?
Cette commande d’In Cité est donc tombée « à point nommé ». Avec à ses côtés l’“ingénieuse culturelle” Juliette Giraud, plusieurs rencontres en amont ont été organisées avec les habitants. « Moi qui croyais avoir à justifier la démarche, j’ai été accueillie par des gens très heureux de la proposition ! Et leurs retours ont été précieux. Par exemple, on imaginait jouer en jeans-baskets pour être plus accessibles mais ce sont les habitants qui nous ont demandé de mettre une tenue de concert ! Comme quoi on arrive nous aussi plein de préjugés sur ce public-là. »

Chaque jour, du 17 au 24 juin, de petits ensembles (c’est le principe de la musique de chambre) donneront des répétitions en public et des concerts dans les halls d’immeubles, au centre d’animation, au centre commercial ou sur les pelouses du Grand Parc. Avec un programme sans concession : Mozart et Bach y côtoient Dvorák ou Telemann. « On casse les codes mais le contenu est le même qu’ailleurs, c’est très important pour nous, insiste Marianne Muglioni. En fait, peu importe de savoir qui c’est : il suffit de s’asseoir, d’écouter et de se laisser emporter... » •

Sébastien Le Jeune

Programme détaillé sur caprices-de-marianne.fr

Photo : Déjà, les préludes ont eu leur petit succès : l’audience était sur la pelouse mais aussi... aux balcons © Studio DB