Guy Lenoir et sa MC2a s’installent au Grand Parc : « Être là conforte notre vocation » Imprimer
Mercredi, 15 Juin 2016 06:00

 

 

 

Ça paraît presque logique que vous vous installiez au Grand Parc…
C’est vrai, nous sommes très contents d’avoir remporté, avec d’autres, cet appel à projets pour occuper l’Annexe B. Après le quai des Chartrons, puis la rue Ferrère et, dernièrement, la rue du Faubourg-des-Arts, en allant au Grand-Parc, la boucle est bouclée ! Cela nous ouvre de nouvelles perspectives, l’occasion de remettre à plat notre logiciel, de l’adapter à notre temps. Même si la MC2a (Migrations Culturelles Aquitaine Afriques) reste solidement assise sur ses trois “pieds”. D’abord, son cœur, celui qui a motivé sa création il y a 27 ans, la relation avec les artistes du continent africain et sa diaspora, très présente à Bordeaux. Ensuite, le travail avec les quartiers populaires, soutenu depuis 13 ans par l’État via la Drac dans le cadre de la politique de la ville, avec la volonté de proposer de la formation artistique et des spectacles de qualité, avec notamment Grand Parc en Fête – et en ça, notre installation au Grand Parc conforte notre vocation. Enfin, l’Institut des Afriques, dispositif réunissant huit structures dont Sciences-Po, avec un accent mis autour de la recherche et de la diffusion des dramaturgies africaines.

Avec l’Annexe B, ce qui est bien, c’est que nous allons pouvoir recevoir une vingtaine d’artistes en ateliers. En revanche, ce que nous perdons, c’est l’espace d’exposition – l’accueil du public y est limité pour des raisons de sécurité. Nous sommes en discussion avec In Cité pour exploiter des vitrines en carences et en faire des galeries éphémères. Mais, pour moi, il ne faut pas que l’art soit toujours balloté : l’utilisation de lieux “incertains” pourrait diminuer sa portée. Alors nous sommes toujours à la recherche de solutions alternatives.

Quel regard portez-vous sur le Grand Parc ?
Pour moi, c’est un quartier qui est parti très fort mais qui a vu son évolution ralentir à mesure que les jeunes qui y sont nés en sont partis. Les parents vieillissent maintenant dans les cités, ce qui est positif pour la mémoire du quartier, son patrimoine, mais pas pour son dynamisme. Heureusement, de nouvelles populations arrivent, ce qui devrait changer la donne.

L’autre remarque que je ferai, c’est le manque d’une dimension village dans ce quartier populaire. Cela vient peut-être de sa situation, coincé entre le centre plus bourgeois et la ceinture extérieure, en allant vers le Lac, souvent vue comme plus “glauque”. Cela vient peut-être de son étendue, de son horizontalité, qui rend souvent difficile de faire sortir le public de son appartement : la cité est immense alors si on organise quelque chose à un endroit, pour beaucoup c’est trop loin. Le fait que la salle des fêtes soit fermée depuis si longtemps est en ce sens un handicap supplémentaire. Et puis le quartier manque aussi de “figures historiques – il n’y a pas d’équipe sportive emblématique qui se serait distinguée, par exemple. Mais ça reste un quartier très jeune : 50 ans à l’échelle de la vie d’une ville ce n’est rien ! Alors il faudra du temps pour que ce quartier ait une histoire.

Cela dit, le Grand Parc offre tout de même une qualité de vie reconnue, et brille par l’énorme travail de ses acteurs socioculturels.

Grand Parc en Fête, il y a dix jours, était réduit à sa portion congrue…
Oui, à cause de l’Euro ! Mais ce n’est que partie remise : les 12 et 13 juillet, à peine la compétition terminée, nous allons lancer Alpha B, un nouvel événement dans le cadre de l’Été Métropolitain, qui proposera des performances, du théâtre, de la musique, des œuvres de plasticiens… et qui investira plusieurs lieux dont les abords de la salle des fêtes et même la piscine pour une grande nuit républicaine à la veille du 14-Juillet.

Et puis, avec notre nouvelle situation à l’Annexe, nous nous retrouvons juste au-dessus de la salle de prière musulmane, et nous avons sympathisé avec la communauté. Ensemble, nous proposerons une autre nouvelle fête, le 8 juillet, une grande Nuit de l’Aïd. À terme, l’ensemble de ces manifestations sera “labellisé” « Un Été au Grand Parc ». •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

 

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Photo : Guy Lenoir : « Il manque encore une dimension village à ce quartier » © Archives Sud Ouest