Demandez à Olivier Bouriat, le patron de la piscine Judaïque Jean-Boiteux, de la décrire en quelques mots, et c’est un cri du cœur : « C’est la plus belle. »

Mais attention, corrige-t-il aussitôt, « je ne parle pas seulement en tant que directeur de l’établissement, mais aussi en tant que nageur qui a pratiqué toutes les piscines de la région. » Il faut dire que l’ensemble a belle allure depuis sa rénovation complète, achevée en 2001. Le bassin d’hiver de 25 m, classé à l’inventaire des Monuments historiques, a été restauré en respectant les couleurs d’origine – le noir et le doré – choisies en 1932, par l’architecte Louis Madeline, le concepteur de cet équipement ambitieux. Quant au bassin extérieur de 50 m, il a été entièrement refait. Le béton d’origine s’était trop dégradé. Et la nouvelle configuration a permis de le doter d’une couverture vitrée amovible qui permet aux nageurs d’évoluer dans l’eau confortablement, en toutes saisons. Un bassin ludique, un jacuzzi et un toboggan sont venus compléter les équipements proposés au public.

« L’énorme avantage de cette piscine, c’est qu’on peut l’ouvrir, poursuit Olivier Bouriat. Pour les nageurs, c’est hyper-agréable d’être à l’air libre et, pour le personnel, c’est plus de bien-être au travail en limitant l’effet caisse de résonance. »

Plus de clubs et de scolaires
Et, depuis sa renaissance, il y a 15 ans, le succès de la piscine Judaïque ne se dément pas. Si la fréquentation reste stable, avec une moyenne de 700 à 800 personnes accueillies chaque jour et jusqu’à 1 500, en été, lors des grosses chaleurs, l’établissement a largement élargi ses heures d’ouverture, pour pouvoir recevoir les clubs et les scolaires, notamment depuis la fermeture de la piscine Galin. « En fait le report des nageurs de Galin s’est noyé dans la masse, note Olivier Bouriat, sans mauvais jeu de mots. On a retrouvé des créneaux pour les clubs en élargissant nos horaires et en leur demandant de faire des efforts. Par exemple, le jeudi soir, l’établissement est ouvert jusqu’à 23h30. C’est la même chose pour les scolaires, on les reçoit le lundi, qui était auparavant notre jour de fermeture hebdomadaire. »

Pour le grand public, les heures d’ouverture n’ont pas changé. Mais les nageurs doivent parfois partager le bassin avec les clubs. Ce qui agace un peu, Arnaud, 46 ans. Cet habitué vient quatre fois par semaine, enchaîner les longueurs entre midi et deux. Il aimerait qu’il y ait « plus de couloirs ouverts au public et un peu moins aux clubs. Même si c’est bien régulé. » Julie, 34 ans, vient plus occasionnellement. Elle apprécie, aussi, la taille du bassin. « C’est grand, on a de la place pour nager. » Mais, elle trouve les vestiaires « un peu compliqués et pas pratiques ». Pourtant, le système a été récemment modernisé.

Aspect événementiel
Si la piscine est incontournable pour les nageurs, son ambition est aujourd’hui, de se faire connaître auprès de tous ceux qui ne pratiquent pas la natation. « C’est un équipement phare de Bordeaux et nous voulons lui donner une orientation événementielle, souligne le directeur. L’établissement peut avoir un intérêt culturel, à nous de le faire découvrir. » Pour cela, la piscine participe depuis quatre ans aux Journées du patrimoine et reçoit à chaque édition 200 visiteurs qui n’avaient jamais poussé sa porte. « On étudie aussi, toutes les propositions qui nous sont faites, précise Olivier Bouriat. On a déjà accueilli des expos photos, par exemple. On a aussi ouvert l’établissement pour une soirée cinéma. Les gens sont venus regarder le film dans l’eau, en maillot de bain. C’était assez extraordinaire. »

En attendant le prochain événement, l’endroit mérite le détour, même si on n’aime pas l’eau, pour autant qu’on s’intéresse un tout petit peu à l’architecture. La piscine Judaïque reste un fleuron de l’Art déco. •

Stéphanie Lacaze

Photo : Outre ses magnifiques murs Art déco, la piscine Judaïque offre deux bassins dont un en plein air © Archvies S. Lartigue / Sud Ouest