Le triangle de Bordeaux toujours à la pointe Imprimer
Lundi, 27 Février 2017 06:00

Qui fait encore le tour du Triangle ? C’était à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, « la distraction la plus répandue et la moins onéreuse » de tous les Bordelais, qu’ils soient riches ou pauvres, raconte Albert Rèche dans son ouvrage « La Belle époque à Bordeaux ».

Le Triangle, appelé aussi quartier des Grands-Hommes, doit son nom à sa forme. Les trois axes qui l’entourent, le cours de l’Intendance, les allées de Tourny et le cours Clémenceau forment un triangle quasi équilatéral.

Les Bordelais préfèrent aujourd’hui les quais de la Garonne pour déambuler le dimanche. Les allées de Tourny, lieu autrefois grouillant de vie et de cafés, sont devenues un tourniquet à voitures concentrant les foules uniquement deux fois l’an : pour le marché de Noël et les épicuriales. Le cours Clémenceau a perdu de sa superbe face au cours de l’Intendance, le centre de Bordeaux a glissé de la place Gambetta à la place de la Comédie.

Bordeaux « papier glacé »

A l’intérieur du Triangle, en revanche, la vie semble immuable. La ville concentre dans ce petit périmètre tout ce qu’elle a de plus luxueux. L’intégralité du secteur est classé. La pierre blonde de Bordeaux y resplendit sur les plus beaux hôtels de voyageurs et hôtels particuliers de la ville.?Entrer dans le Triangle, c’est entrer dans des rues piétonnes où toutes les vitrines sont impeccables. Les grandes marques de prêt-à-porter et maroquinerie y ont leur pas de porte. Les plus grands chocolatiers et bijoutiers de la ville y sont concentrés. C’est aussi le quartier des avocats, des courtiers, négociants en vin ou agences de recrutement. ?Le train de vie des habitants du quartier est à la hauteur des lieux. Le prix du mètre carré ne se cède pas en-dessous de 6 000€. Les biens rares s’échangent à près de 10 000. Les riverains se plaignent peu du bruit. La majorité du secteur est située en zone à contrôle d’accès. Seuls les camions de livraison viennent perturber la quiétude du quartier le matin sur le cours de l’Intendance.

Quartier d’affaires

« Les Grands-Hommes, ce n’est pas vraiment Bordeaux », nous confiait une élue de la Ville. Dans ce petit territoire, il n’y a ni écoles, ni crèches publiques, ni services sociaux mais des commerces et des bureaux où les places sont chères. Certains entrepreneurs rêvent d’y avoir leur siège social un jour.

C’est aussi le quartier des affaires. De grandes familles commerçantes bordelaises y ont débuté et y ont prospéré. On pense aux Nègrevergne, Gouzik, Gramma, Ledentu. Des maisons indépendantes de qualité perdurent. Un point qu’apprécient les nombreux touristes en quête d’authenticité. Les Grands-Hommes n’existent dans nulle autre ville.

Le Triangle a bien profité de la rénovation urbaine de Bordeaux. Ce n’est pas fini. Un de ces sommets, la place Tourny avec la statue de l’Intendant qui a tant fait pour faire briller le quartier va être réaménagée dans le cadre des travaux de la ligne D du tramway. Les allées auront également droit à leur toilette dans quelques années. 

Laurie Bosdecher

Photo : Le quartier vue de la terrasse du Grand Hôtel ©Archives Quentin Salinier / Sud Ouest