Micheline Favreau-Cerrato, le pinson des Grands-Hommes Imprimer
Vendredi, 03 Mars 2017 06:00

Elle reçoit dans l’arrière-boutique de sa parfumerie. « C’est le bazar », s’excuse-t-elle. Dans son dos, le visiteur peut observer une grande photo de son ancien chien dalmatien Adagio, une image d’elle avec Alain et Isabelle Juppé. Micheline Favreau-Cerrato tient la Parfurmerie de l’Opéra, 12 allées de Tourny, depuis 1974. Elle est aussi depuis de nombreuses années la présidente des commerçants Quinconces-Tourny.

Quand l’été pointe son nez, cette grande blonde au sourire communicatif enfile son tablier d’organisatrice des Epicuriales. Douée avec le contact, elle réunit aussi régulièrement autour de petits-déjeuners les commerçants du quartier. Micheline Favreau-Cerrato est une femme d’influence. « En décembre dernier pour des raisons de sécurité, on nous a coupé la circulation autour du marché de Noël. On a fait ce qu’il faut pour y remédier. En 24 heures, c’était réglé. », raconte-t-elle.

 

L’odeur des tilleuls en fleurs

Au 12 allées de Tourny, la commerçante a vu évoluer le quartier depuis quatre décennies. « Et je peux vous dire qu’il y a eu du changement !» Elle se rappelle du marché des Grands-Hommes sur la dalle du béton « avec les meilleurs produits de la ville », le déménagement provisoire des commerçants dans des préfabriqués sur l’esplanade pendant la construction de la galerie, l’arrivée en nombre des banques, agences immobilières et de voyage autour des allées.

« Le tramway a déplacé la ville vers le fleuve, remarque-t-elle. Puis la réouverture du Grand Hôtel, la rénovation de l’Hôtel de Sèze et celle du Normandie mais aussi l’aménagement de la place de la Comédie ont été très bénéfiques. Les circulations dans le Triangle ont changé. Je suis du bon côté. »

Micheline Favreau-Cerrato ne dort pas aux Grands-Hommes mais y vit de 8h30 du matin jusqu’à parfois tard le soir. « J’ai mes petites habitudes. J’aime bien aller prendre un café à la Villa Tourny. J’achète des chocolats chez Cadiot-Badie, mon vin à l’Intendant ou à la Vinothèque, mes fleurs chez Sadia. » Cette enfant de la ville qui a grandi en Lorraine où son père était coiffeur et parfumeur dit aimer l’odeur des tilleuls en fleurs sur les allées, les cris des enfants sur le carroussel en face de son magasin. « J’ai la chance de travailler dans un quartier extraordinairement beau. Regardez le Grand Théâtre, les façades XVIIIe. Nous sommes en ville et en même temps, nous n’étouffons pas du tout ici. »

Depuis 2005, la commerçante s’est spécialisée dans les parfums de niche. Un pari gagnant. Face aux Galeries Lafayette, Nocibé ou Sephora, sa boutique tient bon. « Ma clientèle rajeunit », sourit-elle. Un peu comme elle qui garde une énergie intacte depuis des années. •

Laurie Bosdecher 

Photo : Micheline Favreau-Cerrato, dans sa parfumerie, 12 allées de Tourny © LB / BORDEAUX7