Xavier Viton, directeur de théâtres Imprimer
Jeudi, 31 Mars 2011 11:28

Tous les mois, Direct Bordeaux7 vous emmène dans les coulisses de la vie culturelle, à la rencontre des professions et personnalités qui font sa richesse. Ce mois-ci, Xavier Viton, directeur du Café-Théâtre des Beaux Arts et du Théâtre Victoire.

Chef d’entreprise, gestionnaire, créateur, metteur en scène... mais avant tout passionné et épris de liberté.  

Il est assurément un personnage atypique dans le milieu artistique Bordelais. Xavier Viton y a fait son entrée il y a cinq ans, en rachetant une minuscule salle dans un angle de rue à deux pas de l’école des Beaux-Arts, du Conservatoire et du TnBA. Ce qu’il en a fait n’a rien à voir avec ces grandes institutions culturelles. Mais le Café-Théâtre des Beaux-Arts a réussi à s’imposer comme un des lieux qui comptent à Bordeaux. En tout cas un de ceux qui «marchent», ce qui est un sacré challenge. « Il n’y avait pas de vrai café-théâtre à Bordeaux, pas de théâtre où manger puis voir un spectacle sans bouger de sa place. J’ai vu un gros potentiel dans ce lieu où tout était à faire. Je ne me suis pas trompé ! » Quatre ans plus tard, toujours avec son partenaire Nicolas Delas, il décide de racheter le Théâtre Victoire. Les deux salles se placent sur le registre de la comédie légère et voient désormais défiler plusieurs milliers de spectateurs chaque mois. Xavier Viton en assure la direction administrative et artistique, remplit une quarantaine de fiches de paye par mois, tout en poursuivant son travail de scénographe et de metteur en scène. D’ailleurs la moitié des pièces programmées par le «directeur» Viton sont signées... Viton & Delas. Les raisons du succès ? « Beaucoup de travail, et nous avons pris des risques : en programmant des spectacles sur des durées de plusieurs mois, en jouant du lundi au samedi... ça ne se faisait pas à l’époque. Je crois que la façon dont je perçois la vie théâtrale correspond aux attentes du public.»

Broadway plutôt que Berlin
Xavier Viton ne pratique pas la fausse modestie. Mais il sait aussi quelle est sa place. « Je construis des pièces que le public a envie de voir. La plupart du temps je suis un artisan, de temps en temps un peu artiste ». 100% entertainer, en tout cas. D’ailleurs quand on lui demande quels sont les lieux ou modèles qui l’inspirent, la réponse est claire. «La plupart des gens de la profession parleraient de Berlin. Pour moi c’est Broadway, sans hésiter !» Ancien chanteur lyrique, créateur avant tout, Xavier Viton assume aussi très bien son nouveau rôle de chef d’entreprise. Pire, il aime ça. «Mes théâtres sont comme un bateau où les seules règles qui comptent sont celles du capitaine, mais qui ne peut avancer que grâce à l’équipage et au public». Il est assez fier d’une réussite qu’il ne doit qu’à lui. « Nous sommes une entreprise privée, sans aide publique. Je n’ai rien contre la culture subventionnée, si ce n’est qu’elle a parfois tendance à vouloir s’affranchir de la société tout en lui demandant de payer pour ça. Mon modèle est celui qui me convient le mieux, car il me rend libre. Mais si je me loupe, je trinque !» Pour le moment, l’anniversaire de sa première salle (cinq ans en mars) est sa seule raison de trinquer.•
Sophie Lemaire