Festival Méli-Mélo : Des histoires en suspension Imprimer
Lundi, 30 Janvier 2017 06:00

Comme pour faire un bon film, ce qu’il faut à un bon spectacle de marionnettes, c’est « une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire», pour reprendre les mots de Jean Gabin. Le 17e festival Méli-Mélo, qui démarre ce soir sur le secteur Canéjan-Cestas-Martignas, c’est d’abord ça. ?

 

C’est l’histoire d’Elzéard Bouffier, « L’Homme qui plantait des arbres », simple berger par la grâce duquel des milliers d’arbres surgirent du calcaire – si l’on en croit la fable de Jean Giono, souvent étiquetée “premier manifeste écolo”, reprise par les Cannois de la Cie Arkétal (demain 20h à Léognan, dès 7 ans).

C’est l’histoire d’un couple d’octogénaires qui s’aime encore comme au premier jour et qui peut se contenter du « Silence » tant leur complicité est intacte, pour un spectacle à couper le souffle qu’on doit aux Belges du Night Shop Theatre (jeudi 20h à Canéjan, dès 10 ans).

C’est une autre histoire belge, beaucoup plus belge celle-là – quoique : celle d’un couple ruiné et naufragé sur une île déserte qui va vite retrouver les vieux réflexes, à savoir lessiver les ressources et exploiter sans vergogne les autochtones pour étancher sa soif d’or et de pouvoir (« Ressacs » de la Cie Gare Centrale, samedi à Cestas, dès 13 ans).

C’est l’histoire d’un prince du Danemark – pris au hasard, Hamlet – dont le père défunt revient sous la forme d’un fantôme pour dénoncer son meurtrier, son propre frère. Une histoire que Shakespeare tirait sur 4 heures et que les Poitevins de la Cie Elvis Alatac ramène à 45 minutes chrono en usant de raccourcis burlesques à souhait (« Il y a quelque chose de pourri », vendredi à Cestas, dès 10 ans).

C’est l’histoire d’un trentenaire qui, face à un monde en marche accélérée, décide de dire “pouce !” et de souffler un peu. (« Fastoche », de Pierre Tual, mercredi à Cestas, dès 12 ans).

On le voit, les marionnettes et formes animées parlent vraiment à tous, adultes compris, n’en déplaise à ceux qui voudraient les cantonner au (très) jeune public. Bien sûr, ce dernier sera aussi bien servi avec de belles créations d’ailleurs (« Boîte à outils Poum Poum » du Théâtre Mu de Perpignan samedi et dimanche à Canéjan, « Bottes jaunes » des Toulousains de Point d’Ariès dès mercredi à Saint-Médard-d’Eyrans puis à Beautiran et Léognan...)... ou d’ici.

Ainsi « L’Habitant de l’escalier », conte initiatique sur le passage à l’âge adulte du Maesta Théâtre girondin, à voir dès 7 ans ce soir en ouverture à Cestas (20h, 6€) ; ou « Natanaël », la création très attendue de notre toujours inventif Opéra Pagaï qui a cette fois délégué l’écriture à Diego, 9 ans – d’où le cocasse sous-titre « J’adore les carottes, c’est ce que je préfère dans les petits pois » (du 2 au 7 février à Saint-Selve, Martignas, Canéjan et Saucats).

On trouvera donc difficilement plus rassembleur que ce cru de Méli-Mélo, d’autant plus que ses tarifs plafonnent à 6-8€ (sauf « Silence », 6-13€). À noter, le dimanche matin à Cestas, et ses spectacles quasi tous gratuits. •

Sébastien Le Jeune

signoret-canejan.fr

Photo : Des histoires sur le fil, des marionnettes et des objets souvent sans fils : « L’Homme qui plantait des arbres » d’après Giono, l’amour qui dure toujours en « Silence », la conquête d’une île dans « Ressacs », « Hamlet » joué avec des bouts de ficelle. En Une, « Fastoche » de Pierre Tual De g. à dr. et de bas en haut © Brigitte Pougeoise / Yves Kerstius / Alice Piemme / Eva Avril