Au Marché de la Poésie, l'Afrique première de la classe Imprimer
Jeudi, 02 Mars 2017 06:00

En dépit de sa dénomination, le Marché de la Poésie qui démarre samedi est bien loin de tout “poésie business” (si tant est qu’il en existe un). Y compris lors du salon du week-end final, la manifestation fait la part belle aux auteurs et est pour l’essentiel gratuite. À quelques belles exceptions près, qui méritent réservation au plus vite.

 

Bien avant le Salon du livre de poésie des 11 et 12 mars, beau verbe et bruit de pages tournées commencent déjà à résonner du côté de la Halle des Chartrons et de la Librairie Olympique voisine, initiatrice de l’événement (relire notre rencontre avec le fondateur, Jean-Paul Brussac, dans notre édition du 25 janvier).

Car, dès samedi, poètes et artistes de tous horizons vont affluer et ponctuer toute une semaine de réjouissances. Emblématique d’une édition audacieuse, croisant les genres, les origines et les disciplines tout en mettant en avant la thématique africaine du Printemps des poètes cette année (lire ci-contre), le chanteur camerounais Blick Bassy (photo de Une). Auteur également d’un très beau roman, « Le Moabi Cinéma », il assurera la soirée d’ouverture ce samedi avec son spectacle où blues d’ici et de là-bas s’entremêlent, et ses mots se marient à ceux de poètes qui l’ont marqué (20h30, 12-18€).

Autre temps fort, l’hommage rendu à l’un des mentors de la beat generation, Richard Brautigan, par le comédien belge Jean-Luc Debattice avec Patrick Bruneau à la guitare (vendredi 10, 20h30, 10-15€), et le “voyage improvisé” à la poésie lunaire, forcément, des Clowns à réaction avec des musiciens de l’ONBA (mardi, 20h30, 12€). Sans oublier la soirée de mercredi, gratuite, autour de l’auteur et philosophe bordelais Bruce Bégout, à l’invitation de la librairie-galerie La Mauvaise Réputation.

Marché sans frontières
Côté rencontres, l’autre rive de la Méditerranée sera mise en lumière par les Tunisiens Tahar Bekri et Hubert Haddad, la Française d’origine algérienne Leïla Sebbar, le Touareg Hawad, ainsi que par le Girondin Jean-Paul Auxeméry qui a longtemps vécu en Afrique.

Mais le Marché de la Poésie est une nouvelle fois sans frontières, et on y croisera aussi le Kurde de Turquie Seyhmus Dagtekin, la Franco-Portugaise Sofia Queiros ou encore l’Espagnol José Carlos Llop, connu ici surtout en tant que romancier mais dont les poèmes commencent enfin à être traduits en français.

Parmi les nombreux Hexagonaux à faire le déplacement, on citera Laurine Rousselet, auteure d’un “essai-poème” sur la guerre en Syrie, le poète et dramaturge Zéno Bianu – l’un des 16 signataires du « Manifeste électrique aux paupières de jupes » en 1971 –, Marie Huot, Frédéric Brun et aussi notre poétesse aquitaine voyageuse Chantal Detcherry, Prix Ardua 2016, aux côtés de quelques autres gloires locales.

Quant à ceux de nos lecteurs dont l’oreille respire au souffle des muses, la scène leur est ouverte ce dimanche à partir de 18h (sur inscription) : trois minutes en liberté pour dire ses propres mots ou ceux de ses idoles. •

Sébastien Le Jeune

bordeaux-marche-de-la-poesie.fr

Photo : Blick Bassy, la grande classe en ouverture ce samedi 4 mars. © Denis Rouvre