Il est des erreurs plus faciles à réparer que d’autres. Qu’il vienne d’une décision prise sur un coup de tête ou, par exemple, d’un élan amoureux finalement déçu, le tatouage est l’exemple type de ces choix sur lesquels on ne revient pas facilement.

Heureusement, la technologie des lasers offre depuis plusieurs années un recours à ceux qui n’en peuvent plus de vivre avec un souvenir enquiquinant gravé dans la peau : « en France, quasiment une personne sur dix est tatouée de nos jours, affirme le docteur Dominique Boineau, dermatologue lasériste au sein du centre dermato-chirurgical Aesthetics, à Bordeaux. C’est une mode qui s’est terriblement développée ces dernières années. A l’origine, ceux qui se faisaient tatouer étaient les marins, les prisonniers ou les militaires. Des gens issus de milieux fermés et contestataires. Mais aujourd’hui, c’est considéré comme une oeuvre d’art.»
Une oeuvre dépouillée de son caractère anticonformiste et que l’on peut, depuis peu, faire entièrement disparaître. Car cette frénésie pour les tatouages a forcément son corollaire : un business du « détatouage » qui lui aussi connaît un remarquable essor. 

L’encre réduite en poussière
Depuis le début de l’année, le centre Aesthetics est le quatrième de France après Paris, Lyon et Deauville, à s’être doté de la toute dernière génération de laser, le Picosure. Si le fonctionnement de cet appareil dernier cri, qui représente un investissement de 120 000€, est le même que sur les anciens modèles, il est en revanche bien plus efficace : « c’est une longueur d’onde d’alexandrite, une lumière, qui est envoyée avec une énergie forte dans un temps d’impulsion très court, explique la spécialiste. Cela crée une onde de choc qui fait exploser la particule d’encre. La nouveauté, c’est que celle-ci est réduite en poudre avec le nouveau laser alors qu’elle était autrefois réduite en particules. Donc l’efficacité est maximale et le risque de dégât est très réduit pour la peau.»
Alors que les anciens lasers avaient du mal à éliminer des couleurs comme le bleu ou le vert, le résultat semble probant quelles que soient les teintes utilisées.

150€ à 350€ la séance
Depuis 2009, Johanna Gonzalez tente de faire disparaître l’un de ces indélébiles caprices : « le motif ne représentait rien de particulier mais il me plaisait, sourit-elle. Mais mon compagnon n’apprécie pas les tatouages. Je me suis dit que si je voulais éviter le divorce, je devais l’enlever.»
En quatre ans, la jeune femme a subi une dizaine d’interventions mais le résultat, en dépit d’un investissement financier conséquent, laissait à désirer. En une séance, le nouveau joujou d’Aesthetic a donné un résultat « spectaculaire.»
Mais le coût est tout sauf anodin : le tarif d’une séance, qui dépend de la surface du tatouage et de son positionnement, se situe dans une fourchette de 150€ à 350€ et chaque année, plusieurs centaines de personnes viennent réparer leurs erreurs passées. Aussi longtemps que les tatouages seront à la mode, le marché du « détatouage » ne connaîtra pas la crise... •

OSF

Photo : Un Français sur dix serait aujourd’hui tatoué. Le business du « détatouage » a de beaux jours devant lui... © OSF