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Fabien Robert : « Une feuille de route en septembre », l'entretien intégral PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 07 Avril 2014 07:00

Fabien ROBERT-webAu revoir, Dominique Ducassou : depuis le Conseil municipal de vendredi, Fabien Robert est le nouvel homme fort de la culture à Bordeaux. Entretien.

 


Déjà du précédent mandat d’Alain Juppé où, en tant qu’élu Modem, il était maire adjoint du quartier Saint-Michel–Nansouty–Saint-Genès [poste qu’il conserve partiellement, puisque Saint-Michel devrait être accolé au quartier Gare Saint-Jean dans le prochain découpage, ndlr], ce chargé de cours (qui conserve « quelques heures » dans une prépa aux études de sciences-po) devient à 29 ans le nouvel adjoint à la culture.



Cette délégation de la culture, était-ce un souhait de votre part ?

Au sein du comité de campagne, j’avais manifesté mon intérêt pour cette thématique particulière depuis plusieurs semaines. La culture, c’est un sujet à enjeux qui me passionne depuis très longtemps. En tant qu’adjoint de quartier, j’ai utilisé le budget du quartier, le FIL [Fonds d’intervention locale], majoritairement dans le domaine de la culture, en soutenant des initiatives ayant à la fois un potentiel de rayonnement et un aspect d’hyper-proximité. Et toujours avec cette idée que l’argent public peut servir à lancer des projets, pas pour ensuite les maintenir sous perfusion. Certains n’ont pas tenu – je pense à la belle aventure Corner –, d’autres ont pu ainsi se consolider, comme Chahuts à Saint-Michel ou Sew&Laine cours de l’Argonne.


Et puis, je suis musicien à la base, trompettiste passé par le Conservatoire de Bordeaux. J’ai évolué aussi bien dans le milieu classique que dans les musiques du Sud-Ouest ou l’underground ska-punk-rock – je jouais dans un groupe, La Patchanka. Je connais donc assez bien le domaine des arts de la scène. Quoi qu’il en soit, je prendrai évidemment garde à ne pas plaquer mes goûts personnels sur les orientations de la politique municipale – c’est toujours un écueil, et dans le domaine de la culture particulièrement.



Sans parler de bilan du mandat précédent, d’où partez-vous et quels sont vos objectifs ?

Le bilan d’Alain Juppé a été injustement attaqué sur le plan culturel pendant la campagne. Mais, on l’a vu, les coups n’ont pas porté puisqu’une grande majorité d’électeurs a permis sa réélection. La campagne a permis de dire les choses, et je pars de cette base-là. Pour moi, la politique menée par la Ville jusqu’à présent a permis de développer une vie culturelle de très grande qualité. Même si tout n’est pas parfait, et malgré les difficultés liées au désengagement de l’État et du Conseil général, Bordeaux s’est bien classée sur ce point dans divers magazines. 


Mon premier objectif va être de faire le tour de l’ensemble des acteurs culturels de la ville. Les grands établissements publics, mais aussi les privés, les plus petits acteurs dans les quartiers, les associations organisatrices d’événements... C’est un gros travail de prise de marques, pour me présenter, échanger. Je suis génétiquement adepte de la démocratie participative, du dialogue, de la concertation – je l’ai montré à maintes reprises en tant qu’adjoint de quartier. À l’issue de ces rencontres, je rendrai au maire une feuille de route en septembre.


Où en est-on en termes d’équipements ?

De ce côté-là, c’est de mieux en mieux, il en manque peu par rapport à d’autres villes comparables. Il y a toujours un ordre à respecter en cette matière, et c’est ce qui a été fait. D’abord un travail d’organisation, de rénovation là où c’était possible, de déploiement de nouveaux projets. Ceci développe peu à peu un beau réseau. La ville dispose de 15 musées, l’Auditorium a été livré et remporte un énorme succès avec un programme de qualité à des prix très bas par rapport à des équipements équivalents, la future grande salle de spectacles est sur les rails, on va ouvrir les archives municipales...

Et d’autres lieux vont apparaître, comme la Halle des Douves, la Salle des fêtes du Grand-Parc, les médiathèques des nouveaux quartiers... Ou encore la maison des danses, à Ginko, un projet emblématique de la façon dont nous voyons ces nouveaux quartiers : ce ne sont pas simplement des logements, on a travaillé avec Bordeaux 4 sur un Pact, un Plan d’aménagement culturel territorial pour définir les priorités, les manques, et mettre ça en lien avec la naissance de nouveaux quartiers. 


C’est vrai aussi pour le projet d’extension de la Rock School Barbey, pour lequel nous avons financé une étude. Dans cette ville de Bordeaux à la richesse rock extraordinaire, Barbey est prise d’assaut par les groupes, pour lesquels il est devenu de plus en plus difficile d’exister et se produire sur scène. Cela est dû entre autres à la disparition d’un certain nombre de lieux privés, de bars-concerts, pour diverses raisons – la Ville a difficilement la main sur ces affaires privées mais je m’y intéresserai aussi. En attendant, Barbey a besoin de plus de place pour tenir son rôle structurant, pour renforcer la Smac d’agglomération, et pour s’inscrire pleinement dans un secteur qui va beaucoup bouger avec l’arrivée de nouveaux habitants.



Côté soutien à l’émergence, qu’en est-il du fonds d’aide à la création ? Sera-t-il reconduit à l’identique ? 

Le maire avait décidé de porter de 150 à 500 000€ l’enveloppe allouée à l’aide à la création, la confiant à un jury indépendant. Le but est d’en faire un “booster”, une aide à la naissance de projets, une façon de permettre à plus d’artistes de trouver des débouchés, d’être remarqués par le milieu professionnel. Il est encore trop tôt pour dire si ce chiffre sera maintenu. Il faudra laisser passer l’annonce des résultats du 2e appel à projets, et dresser un bilan avec le jury.

Mais il y aura de délicats arbitrages financiers car on va vers des temps difficiles. J’étais samedi soir à l’ouverture du festival Cinémarges à la Manufacture Atlantique, un lieu essentiel pour la création émergente : l’État a abandonné le théâtre avec des subsides en-dessous du seuil acceptable, alors la Ville a dû faire tampon, colmater l’existant pour parer au désengagement de l’État. Tout est donc affaire de financements… Et le maire devrait décider de reconduire en l’état ou non le fonds d’aide à la création à la fin de l’année.


Mais le soutien aux cultures émergentes restera un des grands chantiers des années à venir. En lien avec les centres d’animation de quartier qui font aussi un travail formidable, autant sur les pratiques amateures qu’en tant que lieux d’émergence – je pense à Chahuts à Saint-Michel ou aux cultures urbaines à Argonne, par exemple. Tout n’est pas qu’affaire de finances, il est aussi question de manque d’espaces mis à disposition, pour la musique, le théâtre, la peinture ou la sculpture... Je proposerai un plan d’action spécifique, et la Direction générale des affaires culturelles va se mobiliser sur ces questions-là.



La question d’un “grand événement” dans l’après-Evento est-elle toujours sur le tapis ?

D’emblée, je tiens à dire que la politique culturelle, c’est du 365 jours par an, ça ne peut pas se résumer à un grand événement. Alain Juppé a déjà fait le choix, pour commencer, de renforcer le volet culturel d’Agora, et de continuer à développer Novart vers une ligne plus forte en le dotant d’un directeur artistique. Evento a eu le mérite d’initier une réflexion sur cette notion de grand événement. Mais il faut rappeler que la Ville le portait seul, ce qui lui conférait un budget infiniment inférieur à des événements comparables ailleurs – où toutes les collectivités sont partie prenante.

Nous allons donc nous mettre autour de la table avec les autres collectivités (CUB, Département, Région), et voir si, oui ou non, elles sont prêtes à suivre sur un événement à l’échelle de l’agglomération, et sous quelle forme.



La majorité acquise par votre camp à la CUB devrait changer la donne…

En effet, à l’approche de la métropolisation, il va falloir se donner le temps de réfléchir à ce qu’on peut mutualiser ou pas. Notamment en ce qui concerne les grands équipements, pour lesquels Bordeaux supporte toutes les charges de centralité. L’Opéra, par exemple, est fréquenté par les habitants des 28 communes de l’agglomération : on va devoir voir dans quelle mesure la CUB peut être impliquée – il y a un enjeu financier mais qui ne doit pas se décider au prix d’une perte de qualité. Le changement de majorité à la CUB sera aussi l’occasion d’apporter plus de cohérence au contenu de l’Été métropolitain, qui laissait de côté de nombreuses choses faites à Bordeaux – en danse, en sports ou encore en musique avec le festival Relâche d’Allez les filles... On va pouvoir donner plus de sens à tout ça. • 


Recueilli par Sébastien Le Jeune

 

Photo : Fabien Robert (au centre) récupère la culture dans la nouvelle équipe municipale d’Alain Juppé. © Archives Bordeaux7

 

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