Quand les motards manifestent, ils ne passent pas inaperçus et c’est heureux car c’est justement ce qu’ils cherchent. Samedi et dimanche, aux quatre coins de l’hexagone, ils vont défiler pour signifier leur opposition au projet de limitation à 80 km/h de la vitesse sur le réseau routier national et départemental. A Bordeaux, « 3000 à 4000 personnes » sont espérées samedi.

« Le rendez-vous est fixé sur la piste de Labarde, à Bordeaux lac, explique Yann Rouvery, membre de la Fédération Française des Motards en Colère de la Gironde (FFMC33). Nous allons prendre la direction du pont Chaban-Delmas où nous passerons sur la rive droite. Puis nous reviendront rive gauche par le pont de pierre. Nous ferons un crochet par la préfecture afin de présenter nos doléances avant de finir sur la place des Quinconces, où nous invitons les gens à pied ou en voiture à nous rejoindre.»
La procession ne devrait pas manquer de provoquer quelques embouteillages dans le centre-ville...



Une « inflation sécuritaire »
Pour le moment, la baisse de la vitesse à 80 km/h n’est qu’un projet qui doit être débattu lors du Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR) prévu le mois prochain. Mais il inquiète fortement les motards, donc, mais aussi l’ensemble des usagers de la route, 40 millions d’automobilistes et l’Union des Usagers de la Route étant associés à l’initiative prévue samedi : « ça concerne tout le monde, reprend le porte-parole de la FFMC33. Afin de répondre à une demande de l’Europe qui veut diminuer par deux le nombre de tués sur la route d’ici 2020, un petit groupe d’experts préconise cette baisse à 80 km/h. Ils se fondent sur une règle selon laquelle une baisse de la vitesse de 1 km/h équivaut à 4% de tués en moins.»
L’efficience de cette mesure, assimilée à une « inflation sécuritaire », ne convainc pas les motards, qui regrettent que d’autres pistes ne soient pas envisagées : « nous sommes étonnés que l’on se focalise sur la vitesse alors que l’alcool, par exemple, représente 30% des accidents mortels. On préconise le partage de la route donc l’éducation et la prévention pour apaiser les comportements. Il ne faut pas blâmer les conducteurs mais plutôt les comprendre.»

L’objectif assumé du mouvement national prévu ce week-end est donc de faire pression sur le gouvernement : « le CNSR doit décider d’expérimenter ou de généraliser directement la mesure, sans concertation. On veut leur faire comprendre qu’il faut y réfléchir et ne pas se précipiter.» •

OSF

Photo : 3000 à 4000 motards sont espérés samedi © ARCHIVES BORDEAUX7