Dans un futur quartier dont les promoteurs vantent le caractère « durable » et vert, le système de chauffage se devait d’être à la hauteur. Aux Bassins à flot, c’est ainsi un « système inédit » qui entrera en service dès septembre prochain.

Pour porter la mise en place de ce nouveau réseau de chaleur, qui s’appuiera sur 70% d’énergies vertes et locales et alimentera non seulement le nouveau quartier mais aussi une partie de Bacalan et des Chartrons, une nouvelle société a été créée en juillet dernier.
Sobrement baptisée « Energie des Bassins », elle résulte de l’association de trois acteurs du domaine de la transition énergétique. Chacun assurera un rôle bien précis dans le fonctionnement de la nouvelle entité. Mixéner, une filiale de Régaz-Bordeaux qui détient 51% du nouvel ensemble, se chargera de la maîtrise d’ouvrage ; EDF Optimal Solutions (40%) s’occupera de réaliser les chaufferies et les sous stations alors que l’exploitation et la maintenance seront gérées par Idex (9%).



70% des besoins couverts

Le nouveau réseau de chaleur des Bassins à flot fonctionnera grâce à trois sources différentes. Grâce à un réseau d’une dizaine de kilomètres, celles-ci couvriront donc 70% des besoins en chauffage et eau chaude d’un vaste ensemble de 750 000 m2 et 10 000 habitants à terme, soit 5000 logements, bureaux et commerces. « Ce qui est réellement innovant dans ce projet, c’est la taille et l’ampleur du phénomène, explique Jean Domergue, président d’Energie des Bassins. La totalité de l’opération représente un budget de 32 millions d’euros.»

50% des énergies renouvelables qui alimenteront le quartier proviendront d’une plateforme biomasse reposant sur deux chaudières d’une puissance totale de 6 mégawatts. Implantées côté Bacalan, elles seront alimentées par 8000 à 10 000 tonnes de bois par an grâce à un approvisionnement de proximité, l’Aquitaine étant la première région forestière d’Europe.
Les 20% d’énergies vertes restantes seront issues de la récupération calorifique du traitement des effluents de la station d’épuration Louis Fargue, une première en France qui offrira ainsi une puissance de 8,4 mégawatts.
Ces deux systèmes seront complétés par une dernière installation alimentée par de la géothermie de surface, puisée dans la Garonne. Le débit de pompage dans le fleuve étant limité, ce dispositif alimentera uniquement la future Cité des Civilisations du Vin, à côté de laquelle il se trouvera, en complément du réseau de chaleur.

Ce système, d’une puissance totale de 21 mégawatts, sera sécurisé par une alimentation au gaz susceptible de prendre le relais en période de grand froid.



8000 tonnes de CO₂ en moins

Le déploiement de ce nouveau réseau de chaleur se fera en deux étapes au rythme de l’achèvement des différents projets immobiliers (2014-2016 et 2017-2020).

Selon « Energie des Bassins », il permettra d’éviter l’émission de 8000 tonnes de CO₂ chaque année, soit l’équivalent de 4500 véhicules parcourant 15 000 km par an. « Ce réseau de chaleur est le fer de lance de plusieurs autres projets dans les quartiers de Bordeaux », affirme Jean Domergue.
Un dispositif similaire, ou du moins inspiré de celui mené aux Bassins à flot, pourrait en effet être mis en place dans d’autres futurs éco-quartiers, par exemple dans les secteurs de Niel et de Brazza sur la rive droite. • 

OSF

Photo : Le réseau (en bas à droite) qui alimentera le quartier des Bassins à flot courra sur 10 km © Energie des Bassins