Malgré la mise en place par la Préfecture d’un nouveau dispositif censé améliorer la situation, les associations de défense des étrangers pointent toujours d’énormes difficultés, pour ceux qui demandent un titre de séjour, à faire valoir leurs droits.

Réunies au sein d’un collectif, les associations comme l’ASTI, la Cimade ou la Ligue des Droits de l’Homme avaient dénoncé en 2012, les atteintes aux droits et à la dignité observées au service des étrangers à la Préfecture de Gironde. Après 16 mois d’observation, elles avaient publié un rapport intitulé « Témoignages en Préfecture » qui rendait compte des problèmes observés. Notamment, les interminables files d’attente qui se formaient dès 5h du matin devant les portes de la Préfecture.



Des files d’attente virtuelles


Depuis, le service en charge des étrangers à la Préfecture a modifié son mode de fonctionnement. Les étrangers qui demandent un titre de séjour ne sont plus reçus directement par ordre d’arrivée comme auparavant, mais ils doivent demander un rendez-vous. Une nouvelle façon de procéder qui n’arrange rien selon les associations. « Certes, les files d’attente ont disparu » souligne Jeanine Guerra, la vice-présidente de l’ASTI « mais le délai de réponse est toujours aussi long. Aujourd’hui, les files d’attente sont virtuelles.» Et la militante de citer un cas récent dont elle s’est occupé, d’un homme qui a déposé une demande en décembre et a finalement obtenu un rendez-vous le 17 avril dernier. Une situation qui a failli lui coûter son emploi alors qu’il avait un contrat de travail. 
Autre difficulté à laquelle se trouvent confrontés les étrangers, l’absence d’interlocuteurs pour les renseigner sur la manière de remplir les différents formulaires. Ils sont obligés de se rendre sur le site internet de la Préfecture, « très complexe » selon Jeannine Guerra. Ce qui crée une discrimination supplémentaire. 
Enfin, dernière atteinte aux droits que dénoncent les associations, l’impossibilité pour les étrangers d’obtenir un récépissé donnant droit à un titre de séjour temporaire lorsqu’ils déposent un dossier en Préfecture, faute de personnel. « La Préfecture est équipée d’une boîte pour déposer les dossiers » explique Jeanine Guerra mais nous disons aux gens de ne surtout pas y mettre leurs dossiers mais de les envoyer en recommandé car il arrive qu’ils se perdent.» 
Les associations ont été reçues les 4 avril dernier par le secrétaire général de la Préfecture. Celui-ci s’est engagé à leur apporter une réponse écrite d’ici un mois. Il affirme qu’elles obtiendront satisfaction sur certains points. L’accueil sur place devrait notamment être renforcé et les documents mieux traduits.•

SLA

Photo : © ARCHIVES BDX 7