D’ordinaire, faire trempette dans la tumultueuse Garonne n’est pas la meilleure idée qui soit. Mais une fois par an, à l’approche de l’été, plusieurs centaines de courageux nageurs se lancent dans le grand bain.

Depuis huit ans, la traversée de Bordeaux à la nage est devenue un événement incontournable dans l’agglomération. A l’origine, en 2006, le pari tenté par Marc Lafosse, alors étudiant en océanographie et aujourd’hui président des Girondins de Bordeaux natation et conseiller municipal, consistait à redonner ses lettres de noblesse à un fleuve que beaucoup regardaient avec méfiance : « une telle traversée a existé à Bordeaux jusqu’en 1952, explique-t-il. Quand nous avons relancé cette épreuve, l’idée était de démystifier le fleuve, comprendre que sa couleur marron ne signifiait pas que l’eau était sale et qu’on ne pouvait pas nager dedans. La première année, nous avons donc organisé un colloque scientifique pour dire que si l’eau de la Garonne a cette couleur particulière, c’est parce que les ions positifs du sel s’agglomèrent avec les ions négatifs de l’argile. L’autre but, c’était de communiquer sur tout ce qui vit dans le fleuve. Puis, enfin, on voulait aussi démystifier cette crainte liée à la dangerosité de la Garonne. Oui, elle est turbulente, oui, il y a des courants forts mais avec un encadrement adapté, on peut la traverser.»

Une épreuve unique en France
Arès sept éditions sans aucun accident significatif, la traversée de la Garonne à la nage connaît désormais un succès qui ne se dément pas. L’épreuve est unique en France. Aucune autre grande ville française disposant d’un fleuve ne propose un événement comparable.
Pour y participer, les candidats viennent parfois de loin : ce week-end, un nageur jamaïcain se jettera ainsi à l’eau, mais aussi des personnes originaires de la région parisienne, d’Orléans, de La Rochelle et bien sûr de toute l’Aquitaine. « nous avons reçu près de 700 candidatures, précise Joanna Wylie, responsable de la communication pour les Girondins de Bordeaux natation. C’est un peu moins que l’an dernier mais cela s’explique sans doute par l’organisation de l’épreuve lors d’un week-end prolongé.»
Comme chaque année, 500 nageurs, ayant préalablement prouvé leur aptitude à pouvoir nager sur une distance de 400 mètres, prendront le départ.

Des nageurs de 16 à 71 ans
Cette année, la première vague de départs sera donnée à 16 heures. L’horaire a été choisi en fonction des coefficients de marées : « elle est descendante à ce moment-là, reprend Joanna Wylie. Donc elle est calme, il y a peu de courant.» Cette première vague, sur les quatre programmées jusqu’à 19h15, est celle des nageurs les moins expérimentés, la difficulté augmentant crescendo au fil de la journée.
Âgés de 16 à 71 ans, les nageurs seront encadrés par une centaine de bénévoles et une cinquantaine de sauveteurs, parmi lesquels de nombreux étudiants en STAPS qui passent leur diplôme de sauveteur. Les performances, elles, sont très variables selon le niveau. Les meilleurs peuvent espérer effectuer le parcours d’1,7 km entre le ponton d’honneur, sur la rive gauche, et port Bastide, rive droite, en 4 minutes alors que les moins performants, eux, peuvent mettre jusqu’à un quart d’heure. •

Olivier Saint-Faustin

Photo : Depuis huit ans, 500 candidats traversent chaque année la Garonne à la nage © Archives BORDEAUX7