A la veille de la Marche des Fiertés, organisée par la Lesbian & Gay Pride Bordeaux, les associations LGBT et ″friendly″ finissent d’organiser le cortège. Rencontre avec Jeanne Swidzinski, présidente de Trans 3.0, l’une des associations participantes.



Quel est l’objectif principal de Trans 3.0 ?


Notre mission est basée sur la promotion et le respect de la transidentité. Il y a plusieurs façons de vivre son genre, on peut très bien vivre son genre sans opération médicale, avec des apports en hormones, et puis on peut aussi faire de la chirurgie esthétique… Nous ne privilégions pas une forme de transidentité plus qu’une autre.

 L'autre objectif de Tran 3.0 est de faciliter les procédures liées au changement de genre ou de sexe. Actuellement en France, pour changer de sexe à l’état civil, il faut faire toute une démarche très compliquée. Durant un procès au tribunal de grande instance, il faut montrer que l'on a fait des opérations irréversibles considérées comme des opérations de réassignation sexuelle par le tribunal. Mais par exemple en Argentine, ils ont voté une loi simplifiant la procédure et seuls quelques documents sont nécessaires pour voir ce changement reconnu. 

Un an après l’adoption de la loi sur le Mariage Pour Tous, la situation des personnes homosexuelles et des trans est-elle satisfaisante ?


C’est une étape ; on a bien vu que tous les homosexuels ne se marient pas, il n’y a pas eu un appel au mariage, et les personnes qui se sont liées n’ont pas entrainé la population en enfer. Mais la démarche utilisée a fait ressortir des comportements très rétrogrades. L’homophobie assumée durant la Manif Pour Tous fait que le climat reste très tendu aujourd’hui.



Quel est le but de la Marche Des Fiertés ?


Cette année l’association s’est orientée vers La Famille Pour Tous. On veut insister sur le droit à la PMA mais aussi au manque de garanties par rapport à l’enfant. Car dans le cas d’une adoption par un couple homosexuel, seul un des conjoints adopte l’enfant et non les deux. Ce n’est pas acceptable. C’est aussi une question d’égalité des droits ; si les couples hétéros peuvent avoir recours à la PMA, les couples homosexuels doivent aussi en avoir le droit.


Qu'attendez-vous de la part de la Ville de Bordeaux?

La ville est en train de mettre en place un observatoire des Transidentités. De plus, jeudi dernier, Marik Fetouh, adjoint au maire en charge de l'égalité et de la citoyenneté, a reçu toutes les associations de lutte contre les discriminations dont Trans 3.0; dans le cadre du respect des différences. La ville a donc déjà le mérite d'essayer de faire des choses. Les subventions du Conseil Régional et du Conseil Général sont également un plus. De la part des médias bordelais par contre, nous attendons un plus grand respect. C'est pour ça que nous avons rédigé une Charte "Trans Respect" pour éviter les abus de langage et les expressions discriminantes. 

Quel a été l’impact de Conchita Wurst sur l’image des trans ?


Il a été double ; d’un côté, les journalistes ont utilisé toute une panoplie de noms pour qualifier l’autrichienne, allant de « femme à barbe » à « travestie ». Peu ont mentionné que la démarche de Conchita Wurst est au départ purement artistique. Mais à la fin de son concert, son émotion a montré qu’au delà de la démarche commerciale, l’artiste pouvait également être militante. Même si elle n’est pas une trans dans le sens classique du terme, c’est-à-dire qu’elle n’aspire pas à un changement de genre ou de sexe, elle fait partie de la grande famille trans.• 


Recueilli par Maxime Gravier
Le cortège de la Marche des Fiertés partira ce Samedi à 14h de la Place de la République et se terminera Place des Quinquonces.

Photo : L'évènement peut compter sur le soutien du Girofard, centre LGBT d'Aquitaine. © MG