Samedi, les zombies envahiront bien le centre-ville de Bordeaux.

Après plusieurs jours de tergiversations, les services de la Ville ont confirmé hier, peu après 15 heures, le parcours de la cinquième édition de la Zombie Walk. L’itinéraire serpentera dans l’hypercentre, de la place de la Bourse, avec un départ à 15h, jusqu’à la place de la Victoire en passant entre autres par la rue Porte-Dijeaux, les places Pey-Berland, Camille-Jullian, le Quai Richelieu et la portion de la rue Sainte-Catherine comprise entre le Cours Victor Hugo et la Victoire.
« Je suis encore en colère parce que nous obtenons cette confirmation quand même très tardivement, à quatre jours de l’événement, explique Franck Bonhomme, le président de Burdigala Corporation, association qui organise  la Zombie Walk bordelaise. Mais nous sommes contents de pouvoir passer en centre-ville. Sans ce bras de fer qui nous a permis de faire bouger les lignes, nous serions encore sur les quais.»

Des zombies pédagogues
Le « bras de fer » dont parle Franck Bonhomme s’est joué avec les services de la Ville. Comme l’année passée, où l’événement avait été interdit dans l’hypercentre et déplacé sur les quais, la perspective de voir déferler une horde de zombies un jour de grande affluence dans des secteurs commerciaux comme le haut de la rue Sainte-Catherine, côté Grand Théâtre, ne suscitait guère d’enthousiasme dans les couloirs du palais Rohan... « L’an dernier, la Ville nous avait dit qu’on gênait les commerçants et que nous allions engorger le centre-ville, raconte l’organisateur. Nous n’avions pas d’arguments pour contester donc nous avons accepté d’aller sur les quais. Mais cela n’a pas eu le même impact.»
Cette année, Franck Bonhomme s’est donc organisé pour défendre un parcours plus central : « nous sommes allés à la rencontre des gens et des commerçants, reprend-il. Ces derniers ont apprécié qu’on vienne les voir et 200 d’entre eux ont signé notre pétition. Nous avons pris des engagements pour encadrer la marche et éviter de choquer les gens.» Des arguments finalement entendus par la municipalité : « nous avons pris l’avis de la Ronde des Quartiers et tout le monde est d’accord, cela devrait bien se passer », explique le service communication de la mairie.

« On défie la mort »
Samedi après-midi, des flots d’hémoglobine (factice) vont donc être déversés dans les rues du centre-ville. Maquillées et vêtues comme des morts-vivants, grognant et faisant des grimaces, plus de 2000 personnes venues de toute l’Aquitaine et même au-delà sont attendues. Mais au fait, pourquoi un tel cortège macabre ? « Je ne suis pas spécialiste mais un psychanalyste m’a dit que dans toutes les périodes troubles de l’histoire de l’humanité, comme la crise de 1929 ou les années 50 avec la guerre froide, l’attrait pour les zombies réapparait, avance Franck Bonhomme. C’est aussi le cas actuellement avec cette instabilité mondiale. En jouant les zombies, on défie la mort et tous ces problèmes qu’on ne maîtrise pas. On les exorcise parce que la vie continue.»
Pour l’organisateur, cette marche s’apparente à de l’art de rue : « il n’y a qu’à voir la qualité des tenues et des maquillages, argumente-t-il. C’est un rassemblement où les gens peuvent se permettre des excentricités, expriment leur créativité à travers leur déguisement.» Parce qu’ils sont conscients que ce spectacle peu choquer, les organisateurs vont « baliser » le parcours afin d’informer les âmes sensibles qu’il serait préférable pour elles d’éviter le secteur lorsque le cortège passera. •

OSF

Photo : Plus de 2000 zombies sont attendus samedi après-midi dans le centre-ville de Bordeaux © Hervé POUYFOURCAT