Oubliées les fâcheries des semaines passées. C’est tout sourire cette fois que Michel Platini et Alain Juppé sont apparus hier à Bordeaux à l’issue du comité de pilotage de l’organisation de l’Euro 2016. Le président de l’UEFA et celui de l’association qui réunit les sites recevant cette compétition ont aplani leurs divergences. A leurs côtés, le Premier Ministre Manuel Valls et deux ministres avaient fait le déplacement, démontrant s’il était nécessaire l’implication et le soutien de l’Etat dans l’organisation d’une compétition dont la France espère des retombées conséquentes. 



Retour sur investissement


C’est d’ailleurs cette question des retombées sonnantes et trébuchantes pour les villes organisatrices qui constituait la principale pomme de discorde entre Platini et Juppé. Début septembre, le maire de Bordeaux avait demandé qu’une partie des bénéfices permette de financer «des équipements sportifs de proximité» dans les villes «qui assument une large partie des coûts des animations autour de l’événement».

Hier, l’UEFA a accepté de reverser une enveloppe globale de 20M€ à partager entre les dix villes françaises qui accueilleront la compétition. Cette enveloppe, dont on peut donc imaginer que 2M€ reviendront à Bordeaux, sera débloquée en deux temps : 10M€ dès maintenant, le reste à l’issue de la compétition. Cette seconde tranche reste toutefois un «bonus», «lié à la réussite du tournoi en matière financière, populaire et d’accueil des supporters dans les villes», soulignait hier l’UEFA dans un communiqué.


« C’est un geste que fait l’UEFA à notre demande pour faciliter l’acceptabilité sociale de cette manifestation », a expliqué Alain Juppé. « Les dix villes sont satisfaites de cette proposition et l’ont approuvée à l’unanimité ». La somme est toutefois loin d’atteindre les montants évoqués jusqu’ici comme étant ceux réclamés par les villes (10M€ par ville). Mais au delà de ce versement en forme de retour sur investissement pour les villes qui ont consenti à d’importantes dépenses pour rénover ou construire des stades, d’autres efforts seront faits qui permettent de chiffrer ces retombées globales pour les dix sites à « une cinquantaine de millions d’euros », selon le maire de Bordeaux. 


Au-delà de ces seules villes, l’Euro devra être « la fête de tous », et une fête « pour toute la France »
a insisté de son côté le Premier Ministre Manuel Valls, soulignant les retombées médiatiques, touristiques, économiques que le pays peut espérer en tirer. Sans compter un enthousiasme populaire qui fait toujours du bien en temps de crise. 



Un village de l’Euro aux Quinconces


Les règles du jeu semblant désormais fixées, reste à savoir comment chaque ville saura s’emparer de l’événement. Pour Bordeaux, Alain Juppé a confié la présidence du comité de pilotage de l’organisation à Alain Giresse, un nom bien connu des supporters des Girondins et de tous les amateurs de foot (lire plus bas). 
Animation de la ville, écrans géants etc... c’est ce comité de pilotage qui va plancher sur les à-côté des cinq matchs qui se joueront à Bordeaux. Alain Juppé a toutefois déjà glissé hier qu’il souhaite installer un grand village de l’Euro sur l’esplanade des Quinconces. Reste à définir ce qu’il sera possible d’y faire. Les discussions sont toujours en cours entre les villes, l’Etat et l’UEFA sur la définition de «fans zones» sécurisés. « Aujourd’hui on se trouve devant une problématique: est-ce qu’il faut faire des fouilles à l’entrée, des barricades pour faire rentrer les gens, ce n’est pas la vocation première des fans zones», a déclaré Michel Platini. «I l faut trouver un juste équilibre entre la sécurité qui est nécessaire en temps de crise et la convivialité. Mais c’est vrai que la sécurité, ça coûte de l’argent pour les villes ».•


Sophie Lemaire

Photo : Manuel Valls, Alain Juppé et Michel Platini ont tenu un point presse commun à l’issue de la réunion du comité de pilotage. Le maire de Bordeaux et le Premier Ministre sont ensuite allés visiter ensemble le chantier du nouveau stade © SL