Evidemment, il s’agit de produits contrefaits mais lorsqu’on voit des sacs Louis Vuitton, des jeans Diesel, des chaussures Nike ou encore des parfums N°5 de Chanel poussés au milieu des détritus en vue de leur destruction, on ne peut s’empêcher d’avoir un petit pincement au coeur.

C’est pourtant ce qu’il s’est passé, hier après-midi, au sein de l’unité d’incinération de l’usine Astria de Bègles.
Dans le cadre de la deuxième journée nationale de destruction des contrefaçons, plus de 20 000 produits saisis ces derniers mois par les services douaniers de Bordeaux ont été détruits. « Nous organisons cette journée pour illustrer la mobilisation du gouvernement dans la lutte contre les contrefaçons, explique Jean-Michel Sutour, chargé de communication des services douaniers de Bordeaux. La contrefaçon est d’abord une menace pour le consommateur car ces produits sont dangereux : ils ne répondent pas aux normes de sécurité ni aux critères de santé par exemple. Et ils sont aussi dangereux pour les entreprises françaises qui sont souvent attaquées par ce phénomène, donc dangereux pour l’emploi.»

La part croissante d’internet
Hier, un million d’objets contrefaits ont ainsi été détruits dans plusieurs grandes villes de France. Si les médias ont été conviés à assister à ces opérations, c’est que les pouvoir publics voulaient profiter de l’occasion pour adresser un message au grand public et aux entreprises.
Destinataires de ces produits contrefaits, les particuliers sont notamment mis en garde sur les achats en ligne : « la part d’internet est grandissante, constate Michel Sutour. Aujourd’hui, cela représente 20% des saisies dans les zones de fret express ou les centres de tri postal, soit 1,5 million d’articles. La douane passe des accords avec les sites de vente en ligne pour éviter qu’ils proposent des produits contrefaits et un service spécialisé, la cyber douane, permet de traquer ces produits sur internet.»
Les entreprises « attaquées » sont également visées car « la douane peut les aider » : « elles peuvent, à travers un partenariat, nous adresser une demande d’intervention, reprend le chargé de communication. Elles fournissent un dossier disant comment reconnaître leurs produits et nous adressent des personnes capables de réaliser des expertises.» 1785 entreprises françaises sont actuellement engagées dans cette coopération.

Les faux médicaments en tête
L’an dernier, 7,6 millions d’articles contrefaits ont été saisis en France, « un chiffre remarquable » selon Jean-Michel Sutour. En 2012, un arrêt de la cour de justice de l’Union Européenne, signifiant l’interdiction de saisir des produits ne faisant que transiter sur le territoire, avait pourtant fait chuter le nombre de saisies à 4,6 millions. Les services douaniers ont dû s’adapter et selon Jean-Michel Sutour, « 2014 sera meilleure que 2013 car nous avons déjà atteint les 7,6 millions de saisies.»
Au palmarès national des produits contrefaits, dont la majorité viennent d’Asie, une petite surprise : les médicaments arrivent en tête (18%) devant les vêtements (14%) et les chaussures (5%) : « c’est inquiétant car les principes actifs de ces médicaments ne sont pas dosés comme il faut ou qu’ils peuvent contenir des molécules dangereuses.»
A Bordeaux, plus de 436 000 objets contrefaits ont été saisis depuis 2010, notamment quelque 250 000 bijoux en 2012. Les vêtements (45 823) et chaussures (14 278) arrivent ensuite. •

OSF

Photo : 7,6 millions de produits contrefaits ont été saisis l’an dernier par la douane française © OSF