Dans le petit local, une odeur de peinture fraîche vient rappeler que la ressourcerie du campus de Bordeaux est encore un concept tout neuf.

Le coin salon est constitué d’une table élaborée à partir d’une palette, tout comme l’un des fauteuils, quand ce ne sont pas deux pneus surmontés d’un coussin qui font office d’assise. Dans un autre angle, des vélos, eux-aussi retapés, des fours, un ordinateur, des vêtements, une lampe,.. Le tout semble avoir vécu plusieurs vies avant d’arriver ici et chez Etu’Récup, chacun de ces objet s’apprête à en entamer une de plus.
Depuis le 10 novembre, le campus de Bordeaux est le premier de France à bénéficier d’une ressourcerie qui lui est dédiée : « le premier objectif, dans une ressourcerie, est de réduire les déchets, explique Aurélie Schild, coordinatrice du projet Etu’Récup. On récupère des objets qui iraient à la poubelle, ou qui ne sont pas utilisés, et on leur donne une seconde vie en les réparant, en les remettant en état.»

Des « décharges sauvages »
Soutenue par la Communauté Urbaine de Bordeaux, le Conseil Général de la Gironde et la Fondation de France, Etu’Récup est installée sous le « Vent Debout », le restaurant universitaire en forme de bateau installé sur le campus, à Pessac. « Nous disposons d’un local de 45 m2 qui sert de permanence et d’un local de stockage de 200 m2, tous deux mis à disposition par le CROUS », reprend la coordinatrice.
Née en mars dernier, l’association, qui emploie deux salariés et dispose d’une trentaine de bénévoles, a officiellement ouvert ses portes lundi dernier. Pour les responsables d’Etu’Récup, la décision d’installer une ressourcerie sur le campus de Bordeaux a été motivée par un constat récurrent : « en fin d’année scolaire, beaucoup d’étudiants déménagent et ils n’ont souvent pas le temps ou les moyens de revendre leurs objets ou de les mettre dans une déchetterie, raconte Anthony Morin, administrateur d’Etu’Récup. En juin, on en retrouve beaucoup abandonnés sur le campus, dans des décharges sauvages, alors qu’en septembre, d’autres étudiants arrivent avec des difficultés techniques ou financières qui ne leur permettent pas d’acheter du neuf. On pense qu’on peut allier les deux.»
Les objets récupérés sont donc retapés puis revendus, à des prix très avantageux, à des étudiants aux moyens financiers limités.

Créer du lien social
Si les responsables s’inscrivent clairement dans le cadre d’une démarche solidaire et éco-responsable, ils entendent également développer le lien social sur un campus très vaste et sur lequel « il ne se passe pas grand chose » : « le but, c’est aussi de créer un lieu de vie car il en manque sur le campus, poursuit Aurélie Schild. Nous proposons des ateliers participatifs où les gens viennent eux-même réparer ou fabriquer des meubles, des vélos, des vêtements voire même des ordinateurs, en installant par exemple des logiciels libres. Ces ateliers doivent permettre de favoriser le lien social, les échanges entre étudiants mais aussi avec les personnels de l’université et les riverains. Les gens peuvent se rencontrer, échanger des idées.» •

Portes ouvertes dans le cadre de la semaine européenne de réduction des déchets, du 22 au 30 novembre. RU2, avenue des facultés à Pessac. Renseignements : www.eturecup.org

OSF

Photo : Etu’Récup, la ressourcerie du campus, a officiellement ouvert ses portes lundi dernier © OSF