Le budget primitif 2015 ne sera soumis au vote des élus bordelais que le mois prochain mais il a déjà suscité, hier après-midi, des débats nourris au sein de l’assemblée municipale.

Depuis l’annonce par l’Etat, en avril, d’une diminution des dotations globales de fonctionnement accordées aux collectivités locales de 11 milliards d’euros, la ville de Bordeaux s’attend à « une perte de recettes de 10 M€ dès 2015, à laquelle il faut ajouter 2,8 M€ pour financer la réforme des rythmes scolaires, et de 68 M€ sur la période 2015/2017 », prévient Alain Juppé.
En conséquence, le maire annonce que cette « réduction drastique du concours de l’Etat et l’alourdissement des charges transférées aux collectivités » se traduira, dans le budget 2015, par une « diminution des dépenses de fonctionnement, une diminution des subventions, un étalement dans le temps des projets et vraisemblablement une augmentation de la fiscalité.»
En clair, il va falloir se serrer la ceinture et une augmentation des impôts semble inévitable.

Un autre budget en mars
A cette baisse des contributions étatiques se greffera l’an prochain la métropolisation et la mutualisation qu’elle nécessitera lors de son entrée en vigueur le 1er janvier.
La CUB, qui deviendra Bordeaux Métropole, disposera de nouvelles compétences, que les villes n’auront donc plus à assumer : « le budget que nous présenterons en décembre ne sera pas définitif, explique Alain Juppé. Un schéma de mutualisation sera soumis au conseil en décembre et nous aurons trois mois pour le valider. Un budget rectificatif sera présenté en mars à Bordeaux et à la CUB.»
Malgré les « incertitudes » qu’engendre cette « année charnière sur le plan bugdétaire », dixit Nicolas Florian, l’adjoint aux finances, un débat d’orientation budgétaire s’est déroulé hier. Un débat « sérieusement amputé d’éléments déterminants », selon Pierre Hurmic, qui regrette l’absence « d’informations et d’engagements chiffrés ou précis » : « ce n’est pas un document d’orientation budgétaire mais un discours général.» L’élu EELV rappelle au passage au maire son engagement pour une « sobriété heureuse » qu’il dit ne pas retrouver dans ces orientations budgétaires. « Cette sobriété, c’est exactement notre projet », rétorque le maire.

Un « manque d’anticipation »
Les échanges ont également été animés entre les élus socialistes et le maire de Bordeaux. Matthieu Rouveyre : « vous rejetez exclusivement la faute sur l’Etat. (...) Mais il faut comparer cette baisse des dotations, que nous ne contestons pas, avec les dépenses dont vous êtes responsables, avec un loyer de 11 M€/an pour le nouveau stade et la Cité municipale. C’est la conséquence de votre manque d’anticipation. Maintenant qu’il faut payer, les Bordelais sont la variable d’ajustement.» « La charge nette pour le stade est de 3,5 M€/an et de 1,8 M€ pour la cité municipale, donc un peu plus de 5 M€ », s’agace le maire.
Parmi les autres dossiers inscrits à l’ordre du jour, un bilan de la politique de développement durable de la ville sur la période 2009/2013 a été présenté. Selon Pierre Hurmic, « des progrès ont été réalisés mais si la Ville continue sur ce petit braquet, nous ne serons pas au rendez-vous.» « Sur le périmètre de la ville, nos résultats ne sont pas exemplaires mais ils sont très bons, répond Alain Juppé. Après, il y a encore beaucoup à faire, j’en suis bien conscient.» •

OSF

Photo : Selon Alain Juppé, une hausse de la fiscalité à Bordeaux est « vraisemblable » en 2015 © OSF