La recherche de pointe en matière de santé nécessite d’importants fonds et comme l’ensemble des domaines de l’économie française, celle-ci est frappée par le « tarissement des sources de financement public.»

Pour parvenir à maintenir le degré d’excellence de l’Institut Bergonié, installé à Bordeaux et spécialisé dans la lutte contre le cancer, la fondation Bergonié a été créée en 2011 afin de récolter des fonds. Elle a récemment décidé d’avoir recours au financement participatif.
Depuis quelques semaines, une opération de « crowdfunding » a donc été lancée par la fondation sur internet : « pour nous, cette levée de fonds est une première, explique Claudine Matt, la directrice de la Fondation Bergonié. L’objectif, sur 7 ans, c’est 12 millions d’euros. Dans la toute première phase, nous souhaitions obtenir 330 000 euros, que nous avons en partie obtenus grâce à un très gros contributeur, une grande banque régionale. Maintenant, on essaie de passer à la deuxième phase.»
Sur le site internet où les dons peuvent être effectués, 75 640€ avaient été récoltés hier soir pour un objectif affiché de 450 000€ avant la fin 2015.

Améliorer la chimiothérapie
Les sommes récoltées lors de cette levée de fonds seront attribuées à un projet bien précis : celui de généraliser la réalisation de cartes d’identité moléculaires pour les patients souhaitant participer à des « essais de phase précoce.» En clair, les premiers essais cliniques de nouveaux médicaments sur des êtres humains.
L’Institut Bergonié, qui est l’un des 18 pôles d’excellence de lutte contre le cancer en France, possède en effet un « service très en pointe dans ce domaine », reprend Claudine Matt : « après l’Institut Curie, à Paris, l’Institut Bergonié est le premier de province à être équipé d’un séquenceur, qui a été financé par la fondation lors de ses débuts, il y a trois ans. C’est une grosse machine informatique qui permet de faire des séries à très haute densité pour étudier la génétique d’une tumeur. Ça permet de faire une carte d’identité moléculaire pour ensuite établir un traitement individualisé. Aujourd’hui, la chimiothérapie qui détruit tout sur son passage, c’est fini. On fait de la médecine individualisée, personnalisée grâce au séquençage. Avant, la chimio était comme une "bombe atomique" avec tous les dégâts collatéraux. Maintenant, c’est un tir de précision.»

Une "carte" pour chaque patient
Seul problème : ce « séquençage » coûte plusieurs centaines d’euros par patient et n’est pas remboursé par la sécurité sociale.
Les fonds issus du « crowdfunding » doivent permettre de « proposer systématiquement aux patients, dans le cadre des essais thérapeutiques, une carte d’identité moléculaire. Ça ne s’est jamais fait, ce serait une première en France. C’est ambitieux mais c’est tout à fait faisable », veut croire Claudine Matt.
L’Objectif, à travers ce programme, est aussi d’attirer des laboratoires, des biothèques du monde entier, afin qu’ils viennent tester leurs nouveaux médicaments à Bordeaux : « en France, on réalise seulement 7% des essais thérapeutiques menés dans le monde. Par rapport à la puissance d’un pays comme le nôtre, ce n’est rien...» •

OSF

Renseignements : http://www.fondationbergonie.fr/. Dons déductibles à 60% pour les entreprises et à 66% pour les particuliers

Photo : Pour l’Institut Bergonié, l’objectif, dans un premier temps, est de récolter 450 000€ avant fin 2015 © OSF