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Bordeaux : Inquiétudes à l’école pour un enfant géorgien PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 10 Décembre 2014 06:00

Un élève de CE1 de l'école Montaud, à la Bastide, se trouve sans solution d'hébergement alors que ses parents sont sous la menace d'une expulsion du territoire.  

 

Nugzar Tutashvili pourrait être un enfant comme les autres, avec comme seules préoccupations les jeux avec ses camarades de classe, les dessins animés ou les devoirs à faire. Mais l’histoire de ce petit garçon de 7 ans, scolarisé en CE1 au sein de l’école Montaud, à Bordeaux Bastide, est à la fois triste et tragiquement banale.
Nugzar est installé en France depuis janvier 2012. Ses parents ont fui la Géorgie et ont formulé, à leur arrivée dans le pays, une demande d’asile politique auprès des autorités françaises. Durant l’instruction du dossier, le couple et l’enfant étaient pris en charge. Après un premier refus fin 2013, ils ont déposé un recours rejeté en septembre dernier. Depuis, la famille ne dispose d’aucune autorisation de rester sur le territoire français : « ils sont en situation irrégulière, résume Me Nicolas Hachet, leur avocat. Ils ne peuvent pas travailler et n’ont aucune possibilité de demander un logement.»

Un traitement « inhumain »
Dans l’école de Nugzar, cette situation et les répercussions qu’elle a sur l’enfant provoquent un fort émoi. Son instituteur, Christophe Lefrançois, constate au quotidien les effets ravageurs des incertitudes qui pèsent sur le garçon. « Révolté » par ce qu’il constate, il précise s’exprimer « en tant que père de famille et en tant que citoyen choqué par cette situation » : « c’est un enfant plein de bonne volonté, qui s’investit réellement, qui travaille beaucoup, qui sert même d’interprète à ses parents, raconte-t-il. Il a semble-t-il vécu un traumatisme en Géorgie et il est suivi par un pédopsychiatre. Aujourd’hui, je m’inquiète pour lui car il est à la rue, il dort à droite à gauche... Il est instable car il est angoissé. Il ne se sent pas sécurisé par ses parents car eux-même sont dans une situation de grande insécurité. Lundi, il m’a demandé si la police pouvait arrêter quelqu’un qui dort dans un squat... Un enfant de 7 ans, vous imaginez ? »
L’instituteur n’est pas le seul à s’inquiéter pour Nugzar. Ses camarades de classe sont « affectés » par le sort du garçon et leurs parents, eux-même « très touchés », ne passent pas un jour sans s’enquérir de l’évolution de sa situation. Certains se disent même prêts à l’héberger.
Ce qui provoque aussi la colère de Christophe Lefrançois, c’est la façon « inhumaine » dont les autorités françaises traitent ce type de dossier : « on laisse des gens s’installer, on leur dit "oui, peut-être" mais ça dure et au bout du compte, on leur dit non ! Pour moi, c’est pernicieux, inacceptable. Nugzar a fait toute sa scolarité ici, qu’est ce qu’il connaît de la Géorgie ? » Il faut deux ans pour traiter une demande d’asile. Un délai très long qu’une réforme, examinée depuis hier à l’assemblée, envisage justement de réduire à 9 mois.

Une réponse d’ici quatre mois
L’avocat de la famille a déposé une demande de titre de séjour. Le père du garçon souffrant d’une hépatite C, la requête va être étudiée au titre d’un « étranger malade », explique la préfecture, qui ajoute que les Tutashvili seront « prochainement convoqués.» Mais la procédure peut durer jusqu’à quatre mois et en attendant, les trois Géorgiens vivent au jour le jour, sans solution d’hébergement.
Dans l’école, la volonté de porter l’affaire sur la place publique est la première étape d’une mobilisation qui pourrait s’amplifier dans les prochaines semaines : « à l’école, nous essayons de travailler sur l’humain et je trouve cette situation inhumaine, s’offusque Christophe Lefrançois. Ce que nous voulons, c’est simplement trouver un toit pour eux, et surtout pour lui. C’est triste mais nous en sommes à essayer de trouver un hébergement pour lui, sans ses parents...» Une solution extrême et déchirante... • OSF

Photo : Nugzar est élève en classe de CE1 au sein de l’école Montaud, à Bordeaux Bastide © OSF

 

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