Lors des réveillons de Noël et du premier de l’an, mieux vaudra éviter les excès qui rendent malade... Plusieurs syndicats de médecins appellent à un mouvement de grève qui s’échelonnera du 23 décembre au 6 janvier.

Une grogne d’une ampleur inédite en réaction au projet de loi de santé piloté par la ministre Marisol Touraine. Entretien avec le docteur Bernard Plédran, président du syndicat MG Gironde et vice-président de MG France.



Pourquoi ce mouvement de grogne ?

Il y a un état des lieux qui est alarmant. Le ministère a préparé la loi de santé et nous sommes tombés des nues car dans ce projet, on recentre tout sur l’hôpital et les ARS (Agences Régionales de Santé, ndlr). Ce sont eux qui vont gérer la santé et les médecins seront sous leurs ordres ! Je vais être méchant mais ce sont deux structures qui ont prouvé jusqu’à présent qu’elles étaient capables de dépenser des sous sans rien faire… On est en train de démanteler notre métier. La loi prévoit par exemple que la vaccination soit faite par les pharmaciens. Eux ne comprennent pas, ce n’est pas leur métier… On ne sait pas d’où cela sort… Et dans la loi, il n’y a aucun chapitre sur les soins primaires. Nous, médecins généralistes, voulons également dire stop aux mesures discriminatoires prises contre nous, notamment en terme de revenu puisque la consultation chez nous est inférieure de 2€ à celle chez les spécialistes (25€). Nous ne voulons pas une revalorisation pour partir en vacances mais pour pouvoir travailler comme il le faut. Actuellement, ce n’est pas le cas.



Où en est ce projet de loi ?

Il devait être présenté en septembre et a été repoussé. Puis en janvier et maintenant on nous parle de mars… S’il est présenté tel quel, de toutes façons, c’est la révolution. Une mesure phare dans ce projet concerne le tiers payant. Elle prévoit que ce tiers payant devienne obligatoire et toutes les contraintes reviendraient sur le médecin ! On nous dit qu’on devra contrôler si les gens sont assurés, s’ils ont une mutuelle, etc… On dit non !



La profession semble très remontée...

Oui… Il faut que les pouvoirs publics comprennent qu’il y a un niveau de ras-le-bol rarement atteint. Et ce ras-le-bol, on ne le trouve pas que chez les médecins généralistes. Nous sommes pour des changements mais des changements intelligents. Et cela semble hors d’atteinte du gouvernement actuel. On est en rogne, on est en colère. On est confrontés à des gens qui sont manifestement incompétents. Dans mon métier, j’écoute les gens car c’est comme ça que je comprends ce qui leur arrive et que je peux les soigner, les aider. Si je sais déjà ce qu’ils ont et ce que je vais faire avant qu’ils entrent dans mon cabinet, je suis sûr de me planter. C’est pareil pour Mme Touraine et ses conseillers, ils n’écoutent personne. •

Recueilli par OSF

Photo : Le docteur Bernard Plédran © DR