Se maintenir quand les autres sont à la baisse, c’est déjà en soi une performance. C’est ce que parvient à faire le marché de l’immobilier bordelais dans un contexte 2014 des plus moroses

 La Fédération nationale de l’immobilier a dressé son bilan il y a quelques jours, et publié une série d’indicateurs sur l’évolution du nombre de transactions et des prix sur l’année écoulée. Globalement, le marché français est plutôt atone malgré des taux d’intérêts très favorables, avec une quasi stabilité des ventes dans le parc existant par rapport à 2013. Quant aux prix, ils ont baissé de 1,7%, avec une moyenne nationale à 2456€/m2. La baisse se poursuit donc, mais à un rythme quand même moins soutenu que l’année précédente. Mais dans ce paysage français, quelques villes se singularisent avec des progressions encore positives. C’est le cas de Bordeaux, où le prix des appartements a continué à augmenter : +4,5% par rapport aux prix de 2013 (plus forte hausse du pays), avec une moyenne à 3571€/m2.

Le cap des 3000€/m2 franchi
Ces chiffres de la FNAIM viennent confirmer les analyses récentes des notaires, via leur étude Perval basée sur les transactions enregistrées auprès d'eux. Il y a quelques semaines, cette étude indiquait une hausse de 6% du prix moyen des transactions dans l’immobilier ancien, celui-ci franchissant le seuil symbolique des 3000€/m2.
Comme toujours, ce prix moyen est à prendre avec des pincettes. Tout dépend du bien, tout dépend du secteur. Bordeaux centre reste la valeur sûre, avec des prix pouvant dépasser les 5000€/m2 dans les rues cotées du triangle d’or. « Dans le centre historique il faut globalement compter 3500€/m2, souvent avec quelques travaux à prévoir, affirme Jean-Marie Duffoire, vice-président de la Fnaim Gironde. Une maison près des boulevards, dans les beaux quartiers de la ville de pierre, ce sera plutôt 4000€. Ensuite, plus on s’éloigne, plus ça baisse.»

Une cote toujours au top
Des prix qui se maintiennent quand ils sont à la baisse ailleurs... serait-ce l’effet grosse cote d’une ville qui truste le haut des palmarès les plus divers ? « La ville plaît, c’est sûr, confirme Jean-Marie Duffoire. Des Parisiens qui viennent repérer les lieux car ils envisagent de déménager, on en voit ! A la fin du week-end, ils sont conquis.» Mais s’ils ont un budget assurément plus costaud que les "locaux", l’affaire n’est pas faite pour autant. « En quittant Paris ils se voient habiter dans une belle et grande maison en pierre en plein centre ville. Mais Bordeaux est une petite ville et les grandes surfaces manquent dans le centre. Cette offre là est rare et donc chère. Même pour eux !»
L’agent immobilier tempère aussi l’enthousiasme des vendeurs. « Les prix montent encore, c’est vrai, mais on constate une grande différence entre les prix de mise en vente et ceux qui sont finalement payés. Les acheteurs font des offres nettement plus basses qu’avant et les vendeurs doivent souvent revoir leurs ambitions à la baisse. Bordeaux a la cote, mais ça n’est pas pour ça que tout se vend facilement !» En attendant, le prix moyen des appartements à Bordeaux a quand même augmenté de 112% en 10 ans. De quoi supporter une petite période de calme.•

Sophie Lemaire

Photo : Sur l’agglo les prix moyens continuent de monter. Ailleurs en Gironde ça n’est pas forcément le cas : vers Castillon par exemple, la chute est importante © archives bordeaux7