C’est une spécificité locale qui perdure. Pire, à en croire l’Assurance maladie elle s’accroît au fil des ans. Les Girondins seraient champions toutes catégories de l’arrêt maladie.

Non seulement le nombre de jours indemnisés chaque année est bien supérieur en Gironde qu’ailleurs, mais en plus le phénomène s’amplifie au fil des ans. C’est le constat dressé par la Caisse primaire d’assurance maladie de la Gironde, qui a donc renforcé ses actions de sensibilisation et de contrôle.
Car derrière ces chiffres se cachent des situations diverses. Justifiés, ces arrêts maladie en hausse traduisent une situation inquiétante sur l’état de santé des girondins et leurs conditions de travail. Injustifiés, ils pèsent lourdement sur un système de santé basé sur la solidarité et dont les ressources se tendent. Dans tous les cas, il y a matière à agir.

Forte consommation de soins
Cette spécificité girondine pose en tout cas question. « On sait que le département est traditionnellement fortement consommateur de soins de santé, souligne Jérôme Pascaud, directeur délégué de la CPAM de la Gironde. Il y a une vraie culture locale depuis longtemps en la matière, qui s’accompagne d’une densité d’offre de soins plutôt plus forte qu’ailleurs. Mais cela ne se traduit pas pour autant par un état de santé meilleur des habitants. Concernant les arrêts maladies, il n’y a pas de raison objective à cette spécificité girondine. Plutôt une multiplicité de petits facteurs isolés qui s’additionnent.» Par exemple la sur-représentation de certains secteurs d’activités traditionnellement plus «consommateurs» d’arrêts maladie que d’autres : les métiers de la santé, de l’aide aux personnes, du médico-social, du BTP... Ou encore les distances importantes entre lieu de travail et de vie. La CPAM constate aussi des spécificités territoriales à l’intérieur même du département. Le Langonnais serait ainsi particulièrement concerné.

Sensibilisation et contrôles
Par une approche territorrialisée, la CPAM est en mesure de repérer les situations atypiques (médecins plus prescripteurs que la moyenne, entreprises où les arrêts se multiplient...) et de pratiquer des actions de sensibilisation ou de contrôle ciblées. « Nous savons gérer ces situations atypiques, qui sont somme toute marginales poursuit Jérôme Pascaud. Il est en revanche plus compliqué d’intervenir lorsque qu’on est dans une situation d’entre-deux, quand l’arrêt maladie ne relève peut-être pas du médical mais est tout de même l’expression de difficultés, professionnelles ou autres.» Mal être personnel, difficulté à gérer l’évolution d’une carrière ou de ses conditions de travail, reconversion rendue difficile par les évolutions technologiques... « Mais dans ce cas il est important pour nous de faire passer le message que l’arrêt maladie n’est pas toujours protecteur. Il peut au contraire avoir l’effet inverse : isolement et désinsertion professionnelle.»
Ce message sera passé dans le cadre d’actions d’accompagnement et de communication auprès des médecins et des assurés ayant eu au moins trois arrêts de travail de courte durée en 2014. Parallèlement, les contrôles au domicile et les convocations devant le service médical seront aussi renforcés.• SL

En Chiffres :

51 jours d’arrêt
moyenne par assuré girondin en 2014, soit 10% de plus que dans les autres départements. En fait, un actif girondin sur 4 a eu au moins un arrêt de travail en 2014.  

36% non justifiés
selon les contrôles effectués par le servie médical de la CPAM sur des patients ciblés.

51% non présents
à leur domicile lors du contrôle effectué par la CPAM pendant les heures auxquelles ils sont censés être présents.  

232 millions d’euros
de dépenses de l’assurance maladie liées aux arrêts de travail en Gironde. Elles sont en hausse de 3,8% par an en moyenne depuis 2010, contre +1,4% au niveau national.

Photo : En 2014 en Gironde le nombre de personnes arrêtées a légèrement baissé mais la durée des arrêts a augmenté © archives thierry david / sud ouest