En signant la pétition du collectif de riverains du cours de l’Yser contre la hausse des incivilités dans le quartier, les commerçants ne se doutaient pas qu’ils en feraient les frais.

C’est pourtant le sort qu’a réservé la mairie au secteur entier, en prenant un arrêté municipal applicable depuis le 1er avril obligeant tous les pas-de-porte à baisser le rideau dès minuit. Résultat, « une injustice dingue », pour Emmanuel Bernard, cogérant du café-concert L’Avant-Scène : « Oui, le non-droit existe mais nous, nous respectons les règles, nous sommes “pro” », s’insurge-t-il.

“Nous”, ce sont les bars et restaurants “normaux”, exaspérés d’être logés à la même enseigne que les lieux pointés du doigt à l’origine par le collectif, fonctionnant dans l’illégalité, vecteurs de bruits, de trafics et d’incivilités. « Tout ce que dénonce le collectif est vrai, renchérit Catherine Mathieu, gérante du Zèbre : le trafic, le boucan, les types qui urinent et boivent sur le trottoir, la prostitution, le stationnement anarchique... Mais nous étions des régulateurs. Lorsqu’on appelait la police, ils nous répondaient “gérez la situation”. » Tous regrettent une absence de concertation, et le collectif lui-même espère un apaisement.

Parmi les victimes collatérales du périmètre de 100 mètres imposé autour du cours, le bar-club reggae/groove Le Booboo’zzz, 54, cours de la Marne, veut remettre en question l’arrêté avec une pétition lancée ce mardi soir, au cours d’une soirée de soutien avec concerts gratuits, dès 19h. •

Photo : À moins de 100 m du cours de l’Yser, le Booboo’zzz est touché par l’arrêté lui aussi. © Booboo’zzz Club