Le projet Brazza sur la rive droite de la Garonne a pris une tournure plus concrète hier. Les 14 premiers opérateurs ont signé la charte d’engagement avec la Ville et Bordeaux Métropole.

Ce document définit les modalités de travail entre les collectivités et les porteurs de projet. Car ce nouveau quartier qui vient conclure la réhabilitation de la rive droite est un « nouvel exemple d’urbanisme négocié » selon les termes d’Alain Juppé qui a pris le temps de développer le sujet en préliminaire du Conseil Municipal. En présence de Youssef Tohmé, l’architecte ubaniste qui pilote ce réaménagement, le maire a présenté aux élus, ce projet de nouveau quartier qui devrait accueillir ses premiers habitants dès 2018. Comme aux Bassins à Flot, le projet Brazza reposera sur la concertation entre les différents partenaires, collectivités, propriétaires privés et bailleurs sociaux, une méthode qui « a donné d’excellents résultats » selon Alain Juppé.

Nouvelles formes d’habitat
Youssef Tohmé venu défendre sa vision devant les élus a expliqué qu’il avait voulu mettre le « logement et le paysage au centre » du projet. Mais pour parvenir à imposer ses choix, l’urbaniste a dû batailler ferme. « On a essayé de pousser les promoteurs pour les obliger à aller au-delà de ce qu’ils font d’habitude.» Après deux ans de négociation, il a ainsi obtenu, il y a quelques jours, des opérateurs qu’ils proposent des volumes capables à des prix raisonnables pour les ménages à revenus moyens. Les volumes capables, c’est une des formes novatrices  d’habitat proposé par Youssef Tohmé pour ce quartier. Il s’agit de logements livrés « à finir », où tout l’aménagement intérieur est laissé au soin du propriétaire. Cela permet à l’acheteur de terminer son logement au fur et à mesure de ses besoins et de ses moyens. Ces volumes capables seront proposés au tarif de 2100€ ou 2400€ le m2 selon leur hauteur sous plafond. Des prix bien inférieurs à ceux pratiqués dans le neuf à Bordeaux et en périphérie où ils dépassent allègrement les 3000€ le m2. Outre ces volumes capables qui représenteront 20% de l’offre totale de logements, on pourra également se loger à Brazza, dans des échoppes du 21e siècle ou des appartements sur pilotis.

Premiers arbres plantés
Côté paysage, le quartier sera traversé par trois grandes peupleraies qui créeront une continuité avec le parc aux Angéliques. Les premiers arbres viennent d’ailleurs d’être plantés au débouché du pont Saint-Jean. « Ce quartier sera le pendant du Bordeaux minéral » souligne Yossef Tohmé qui souhaite que le paysage précède l’arrivée des premiers habitants.
Si l’on ajoute à tout cela que Brazza sera desservi par un moyen de transport en commun en site propre (TCSP) et que 63 000m2 de locaux seront réservés aux activités artisanales et commerciales, sur le papier, le projet a de quoi séduire. Dans l’ensemble, les élus l’ont d’ailleurs favorablement accueilli y compris dans l’opposition. L’écologiste Pierre Hurmic y voyant « un projet urbain tout à fait intéressant et innovant ». Emmanuelle Ajon pour le groupe socialiste a reconnu elle aussi, un bon projet mais a regretté qu’il n’en existe pas davantage de même nature à Bordeaux. Ce qui a fait réagir Alain Juppé piqué : « Il est si difficile de dire au maire qu’un projet est bon. On préfère dire qu’il est bon mais qu’il faudrait le faire ailleurs.». •

Stéphanie Lacaze

Image © Y.Tohmé Architects&Associates