En fin de semaine dernière, le ministère de la Culture, la Région Aquitaine et le Centre national de la chanson, de la Variété et du jazz (CNV) étaient réunis pour mettre sur les rails le premier Fonds créatif territorial. Une première étape d’accompagnement des mutations dans le champ des musiques actuelles, avant la future mise en place d’un contrat de filière. Trois questions à Philippe Nicolas, directeur du CNV.
En quoi consiste cette convention 2015-2016 signée par ces trois partenaires ? Cette convention met en place un fonds de soutien financier visant à accompagner des projets selon quatre axes : les coopérations, les expérimentations de nouveaux outils économiques et financiers, le numérique, et les transferts de savoir-faire. Les politiques publiques s’investissent en faveur de la filière, et avec des montants qui ne sont pas neutres : 70 000€ par an pour la Région et le CNV sur deux ans, soit 280 000€. Mais cela va au-delà de ces seules aides financières. Le CNV change pour se concevoir plus proche du terrain, de manière à faire bénéficier les acteurs des territoires de son expertise dans certains domaines, et à proposer sur une base de gouvernance commune des mesures adaptées en fonction des besoins locaux spécifiques de chaque région. Il s’agira aussi pour nous d’éclairer les aides existantes au niveau du CNV, que les petits acteurs locaux connaissent pas ou trop peu.
Pourquoi l’Aquitaine en premier ? De tels dispositifs étaient à l’étude et la région Aquitaine s’est montrée la plus volontaire, prête à franchir le pas de cette expérimentation. C’est qu’elle a déjà derrière elle 10 ans d’expérience cumulée dans la réflexion autour du soutien à la filière musicale. Avec des acteurs de réseau hyperstructurants tels le Rama (Réseau aquitain des musiques actuelles), l’Agec (Aquitaine groupement d’employeurs culture) ou la Feppia (Fédération des éditeurs et producteurs phonographiques indépendants d’Aquitaine). De quoi rendre les choses plus faciles.
Vers quoi tout cela se dirige-t-il ? N’est-ce pas prématuré, en amont de la fusion des régions ? L’idée, c’est d’aboutir à un véritable contrat de filière (comme il en existe pour le livre) à l’échelle de la grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin. Cette première convention pilote n’a retenu que quatre axes parmi une dizaine à l’étude. Autant de leviers pour un développement de la filière dans toutes ses composantes. Notre rencontre vendredi dernier sur le thème « Territoires et numérique » était l’occasion de nous retrouver tous autour de la table, et c’est un pas essentiel. Ainsi, on anticipe la fusion, c’est important ! Dans les autres régions, l’envie et les besoins existent déjà. Les placer déjà dans la co-construction du futur contrat de filière avant l’officialisation de la fusion, c’est éviter les blocages ou lenteurs qui adviendront forcément le temps de fusionner totalement, et se donner ainsi de meilleures chances de continuer sur cette lancée.•
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