Depuis le temps que l’on entend parler d’Euratlantique... Que n’a-t-on dit à propos de ce quartier d’affaires géant censé naître autour de la gare et bien au-delà, censé transformer la ville, faire grimper les prix de l’immobilier, créer de l’emploi et attirer les entreprises parisiennes à grande renfort de trains à grande vitesse. Depuis le temps (2011), où en est-on ?

Pour le grand public, pas beaucoup de changements visibles sur le terrain. Mais en coulisse, l’équipe de l’EPA (établissement public d’aménagement) qui gère l’OIN (opération d’intérêt national) Bordeaux Euratlantique défriche et laboure le terrain : acquisition de parcelles, études, recherche d’investisseurs et de promoteurs... La surface concernée couvre 738 hectares sur trois communes (Bordeaux, Floirac, Bègles), soit l’un des plus grands projets urbains de France. 15 permis de construire ont été signés et les premières grues viennent d’arriver dans le secteur, annonciatrices de nombreuses autres. En 2017, 100 000m2 de bureaux auront été livrés, dont un peu plus de 40% sont déjà commercialisés. Alors que sait-on aujourd’hui de ce(s) futur(s) quartier(s) ?
Direct Matin Bordeaux7 vous fait un état des lieux sous forme de visite guidée   

La gare Saint-Jean
Tout part de là : l’arrivée attendue pour 2017-18 de la Ligne à Grande Vitesse qui reliera Bordeaux et Paris en à peine plus de 2h de train, augmentant ainsi d’autant l’attractivité de la capitale Aquitaine. La gare elle-même doit anticiper la hausse de trafic qui en découlera. Elle a lancé un vaste chantier de modernisation dont la partie la plus visible sera la construction d’un deuxième bâtiment coté Belcier (1). Les travaux y ont déjà commencé.

Paludate et Brienne
A proximité immédiate de la gare, c’est le secteur du quai de Paludate qui sera le premier à se transformer dans le cadre d’Euratlantique. L’identité du quartier va totalement changer, les boites de nuit laissant place aux nouvelles constructions abritant sièges d’entreprises, commerces, services...  Quelques établissements de nuit prêts à jouer le jeu du renouveau pourraient toutefois rester, comme la Plage.
En bord de Garonne, le futur paysage est déjà connu : au pied du pont Saint-Jean sera construit un parking en silo puis la Méca (2)Maison de l’économie créative en Aquitaine, qui regroupera fin 2017 dans un grand bâtiment en forme d’arche massive les agences culturelles du Conseil Régional (ECLA et OARA), le Frac (Fonds régional d’art contemporain) et la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). A côté, l’ancienne halle des abattoirs, la halle Debat-Ponsan (4) sera reconvertie en espace de commerces, prolongée par un bâtiment  moderne qui abritera aussi des bureaux et un hôtel quatre étoiles (démarrage des travaux en fin d’année). Juste devant l’ancienne halle sera construit le futur siège de la Caisse d’Epargne Aquitaine Poitou-Charentes (3), dont la première pierre a été posée la semaine dernière. Environ 450 employés de la banque y seront regroupés dans un eu plus d’un an. En deuxième ligne, le domaine de Paludate (5) accueillera la direction régionale d’Adim Vinci, le siège du cabinet de conseil et d’audit Mazars, celui de la Compagnie Fiduciaire, d’Axanis et du cabinet d’architectes François Guibert. Le groupe Millesima prévoit aussi une grosse opération de réhabilitation de ses chais et le rapatriement de son siège social sur le site.

Un peu plus au sud, près du Marché d’Intérêt National (qui ne déménagera pas), le secteur des jardins de l’Ars verra l’arrivée des sièges sociaux de Clairsienne et Logévie, la construction de plusieurs immeubles de logements, d’un groupe scolaire avec une crèche, et celle de la très remarquée Tour Innova (6 - image ci-contre) : 9 étages de bureaux surmontés de 7 étages de logements, pour un des rares bâtiments de grande hauteur du paysage urbain bordelais. Livraison prévue en 2017.

Bègles
De l’autre côté du boulevard Jean-Jacques Bosc, qui sera retravaillé pour atténuer son côté frontière, la commune de Bègles évolue aussi au rythme d’Euratlantique. Près du quartier déjà largement rénové des Terres Neuves, la Cité Numérique (7) s’est installée dans les anciens locaux du centre de tri postal. De très gros travaux y sont prévus, pour en faire un des épicentres de la communauté numérique de l’agglomération. Un mois et demi après le lancement par Euratlantique de la commercialisation des bureaux (et avant même le début des travaux, qui commenceront cet été), 60% des espaces ont trouvé preneurs.

Plus au sud, Bordeaux Euratlantique s’est aussi  porté acquéreur du Parc de l’Intelligence Environnementale de Bègles. L’ancien site Esso avait été transformé en parc d’activités dédié à la croissance verte par la commune. Euratlantique veut lui donner une nouvelle dimension : rebaptisé parc Newton (8), il va bénéficier d’un investissement de 5M€ pour développer un campus dédié aux éco-activités, en partenariat avec Technowest. Le principal résident actuel, l’entreprise dédiée à l’énergie éolienne Valorem, restera sur place.  
Le secteur de l’OIN Euratlantique inclut le secteur du cours de la Marne et de la place Renaudel, mais peu d’opérations sont prévues dans ce secteur. A noter tout de même, la transformation de l’ancien institut de zoologie (8), voisin des bâtiments de Santé Navale, en un hôtel 4 étoiles (2017).

Rive Droite
De l’autre côté de la Garonne, un large secteur de la rive droite sera lui aussi chamboulé par les projets liés à Euratlantique. Cela commencera par un parc : le long du quai Deschamps (10), la coulée verte du parc aux Angéliques sera ouverte dès la rentrée. On peut déjà y voir le dessin d’une promenade entre les plantations et massifs. C’est aussi cet été que sera désigné le groupement chargé d’aménager le secteur baptisé Belvédère, qui s’étend de la caserne de pompiers de la Benauge jusqu’au pont Saint-Jean. Il sera le premier à être aménagé rive droite. On sait déjà que l’entreprise de BTP Fayat (11) construira son siège social à proximité de la caserne de la Benauge (dont la reconversion fait l’objet d’un concours). C’est de l’autre côté du pont Saint-Jean que devrait s’implanter la future grande mosquée (projet non encore finalisé), et nettement plus au sud que débutera bientôt le chantier de la Grande salle de spectacle (12) sur la commune de Floirac (livraison fin 2018). Là aussi, tout un quartier sortira de terre autour du nouvel équipement, avec notamment le déménagement dans ce secteur de la clinique du Tondu. Le tout sera relié directement à la rive gauche par le futur pont (13) Jean-Jacques Bosc (nom provisoire) qui viendra boucler la boucle des boulevards et relier enfin les différentes pièces du puzzle Euratlantique. • Sophie Lemaire

 Photos : T. David, P. Taris, L. Theillet / Sud Ouest