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À Bègles, le changement de tête à la mosquée a du mal à passer PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 08 Juin 2015 06:00

Depuis fin avril, la ville de Bègles a retiré la gestion de la salle de prières à son association locale, lui préférant la Fédération musulmane dirigée par Tareq Oubrou, provoquant la colère de nombreux pratiquants. Samedi, le maire Noël Mamère enfonçait le clou, réaffirmant sa volonté de favoriser un « islam modéré ».

 

Résumé des épisodes précédents. À l’origine, la mairie avait confié à l’Association culturelle et cultuelle des musulmans de Bègles les clés de la salle de prière. Avec des hauts et des bas – comme lorsqu’en 2010, un nouvel imam arrivé de Pessac jugé trop prosélyte avait dû être écarté par l’association – mais en bonne intelligence. Noël Mamère avançait même sa fierté d’avoir été « l’un des premiers maires de Gironde à avoir confié une salle de prière aux musulmans de sa commune ». Mais, depuis quelques mois, en particulier depuis les fermetures des lieux de culte de Floirac et de Bordeaux-Bastide, la parking de la salle béglaise se remplissait chaque vendredi de voitures venues de toute l’Aquitaine (jusqu’à 200 !), et les services de l’État laissaient entendre qu’elle pourrait être fréquentée par des salafistes.

Le 23 avril, le premier édile de Bègles dénonçait la convention liant la ville à l’association, et confiait la gestion de la salle de prière à la Fédération musulmane de la Gironde, association représentative de l’islam de France conduite par le grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, et pilotée sur place par le directeur de la mosquée de Cenon, Fouad Saanadi qui y a placé un nouvel imam, Abdel Karim Yazid, présenté comme « ayant été formé à l’université et ouvert aux principes de laïcité ».

Mais, officiellement, il ne s’agissait pas d’une reprise en main liée à l’inquiétude quant au contenu des prêches – en arabe, alors que la traduction française est obligatoire. En cause, le manque de transparence dans le fonctionnement de l’association à la présidence mal établie. Objectif avancé par Fouad Saanadi, avoir des « interlocuteurs clairs » : « Il en va de la responsabilité d’un maire de faire barrage à d’éventuelles radicalisations. »

Une question « métropolitaine » ?
Aussitôt, c’était « l’incompréhension » du côté des pratiquants réguliers et membres de ce lieu de culte. Ainsi, Hassem Bouklit, du conseil d’administration de l’association qui parle depuis de « confiscation » : « Les termes de salafistes, d’intégristes, sont utilisés pour nous stigmatiser. » Ou Nicolas Durand, le muezzin, un converti : « Nous sommes des musulmans qui vivons notre foi dans un islam ouvert, sans désordre. » Malgré les tentatives de dialogue, les fidèles ne sont plus aujourd’hui qu’une vingtaine, comme vendredi dernier où une autre vingtaine restait à la porte en signe de protestation. Nombre d’entre eux boycottent Bègles, lui préférant la mosquée de la rue des Menuts à Bordeaux, l’une des seules de l’agglo à ne pas être pilotée par la Fédération musulmane – non sans y causer des problèmes de saturation.

Se confiant à nos confrères de « Sud Ouest » samedi, Noël Mamère persiste et signe, estimant que « des personnes intimident les musulmans béglais qui n’osent plus se rendre à la salle de prière ». « J’ai toujours connu ici un islam pacifique, il est de ma responsabilité que ça continue. Je ne lâcherai rien. » Et d’élargir le débat : « Cette question n’est pas locale mais métropolitaine. S’il y a des différends entre des musulmans radicaux et ceux de la Fédération, cela n’est ni de mon fait, ni de mon ressort pour trouver une solution. » •

 

Photo : La salle de prières de Bègles est désormais désertée par bon nombre de pratiquants. © fabien cottereau / Sud Ouest

 

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