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Saint-Michel : L’épicerie redevient mixte face au tollé PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 23 Juin 2015 06:00

Quelques heures de polémique auront suffit pour que l’affichette disparaisse. Visiblement dépassé par les événements, le gérant de l’épicerie de Saint-Michel qui avait établi des jours d’ouverture différents pour les hommes et les femmes a fait marche arrière hier.

 

Un article publié dans le journal « Sud Ouest » hier matin révélait en effet que sur la vitrine de cette petite épicerie du quartier Saint-Michel, une affichette définissait des jours d’ouverture pour les « soeurs » (mardi, samedi et dimanche) et d’autres pour les « frères ».
Ouverte depuis quelques mois, la boutique à la devanture verte est tenue par un couple de convertis à l’Islam : Soumaya, une bordelaise autrefois esthéticienne qui s’appelait alors Jessica, et Yahya, un Picard dont le nom de naissance est Jean-Baptiste Michalon.
Ils vendent de l’épicerie, mais aussi des livres religieux, des vêtements traditionnels. Lorsqu’ils ont ouvert la boutique, ils ont décidé de séparer les jours d’ouverture « pour que les femmes et les hommes se retrouvent entre eux » et « faciliter la pratique de la religion » qui « interdit de s’isoler seul avec une femme », expliquait hier Yahya Michalon.

Discrimination
Interrogé par France 3 Aquitaine, le grand imam de Bordeaux Tareq Oubrou s’est étonné hier de cette revendication religieuse : « On n’a jamais vu ça à l’époque du Prophète ! Les marchés étaient mixtes. Ca me paraît un peu bizarre dans un monde où la mixité est une culture établie.»
Les autorités n’ont en tout cas pas tardé à réagir. Avant l’annonce du retrait de la pancarte, Alain Juppé a « condamné fermement un comportement en totale contradiction avec les règles républicaines d’égalité et de mixité.» Le maire de Bordeaux a appelé « les autorités compétentes à se saisir de ce dossier afin de faire cesser de telles pratiques discriminatoires et d’appliquer les mesures que prévoit la loi en de telles circonstances.»
Quelques heures plus tard, le préfet de Gironde Pierre Dartout exprimait la même position : « il est inacceptable qu’un commerçant puisse être ouvert à des jours différents pour les hommes et pour les femmes.» Il appelait lui aussi la justice à se saisir de l’affaire.
Car une telle pratique est illégale. Selon le code pénal, elle relève de la discrimination en raison du sexe, et elle est à ce titre passible d’une peine de trois ans de prison et 45000€ d’amende. Hier après-midi, le parquet de Bordeaux a donc envoyé la police sur les lieux, qui a constaté que l’affichette avait été enlevée par le commerçant.
Yahya Michalon rejette quant à lui toute accusation de discrimination, affirmant qu’il ne refusait pas pour autant l’entrée du magasin aux hommes ou aux femmes en dehors de leurs jours réservés.
Il a affirmé ne pas avoir pensé être en tort, citant l’exemple de hammams pratiquant des horaires différents pour les hommes ou les femmes.•

 

Photo : En vitrine, l’affichette distinguant les horaires pour «les soeurs» et «les frères» a été retirée © Guillaume Bonnaud / Sud Ouest

 

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