Au Rhoban Football Club, les recrues sont un peu particulières. Deux bras, deux jambes, une tête, jusque là tout va bien. Mais disons-le, leur jeu de jambes a encore quelques progrès à faire. Cette équipe pas comme les autres est celle créée par des chercheurs et des doctorants du Labri, le laboratoire bordelais de recherche en informatique. Leurs joueurs sont des robots, et ils s’envoleront tous ensemble la semaine prochaine pour la Chine. Car le Rhoban Football Club est qualifié pour la Coupe du Monde des robots, la Robocup 2015.

Il sera une nouvelle fois la seule équipe à représenter la France dans cette compétition où les bordelais sont allés jusqu’en quart de finale en 2014.

Au delà de l’aspect ludique, l’affaire est scientifiquement très sérieuse. Le Rhoban évolue dans la Ligue Humanoïde, celle où les robots ressemblent - un peu - à des êtres humains : bras, jambes, tête, yeux... et intelligence ? C’est tout l’enjeu. « Pour nous cette Robocup est intéressante principalement sur deux points, explique Olivier Ly, enseignant-chercheur au Rhoban. D’abord la locomotion des robots : nous travaillons sur les problématiques de marche bipède. Ensuite l’autonomie : nous posons nos robots au bord du terrain et c’est à eux de se débrouiller seuls pour jouer et marquer des buts.»
Pour cela, ils sont équipés de capteurs censés reproduire les informations dont disposent les humains : vision, oreille interne, voûte plantaire sensitive (l’innovation bordelaise de cette année)... mais pas de GPS pour leur géolocaliser le ballon !
« Nous nous situons dans des questions de pure intelligence artificielle, commente Olivier Ly. Jusqu’ici les robots étaient confrontés à des problèmes symboliques difficiles comme les échecs. Mais c’est un jeu dans lequel ils disposent de toutes les informations possibles. Le football est un jeu à information partielle : on ne voit pas tout le terrain, on ne sait pas où va aller le ballon, ce que font les autres... Et pourtant il faut prendre des décisions. Comme dans la vie, en fait !»
Les parties de la Robocup se disputent par équipes de quatre. Les humanoïdes se déplacent, observent autour d’eux, tapent dans la balle pour se faire des passes ou viser le but. Mais soyons clair : rien à voir avec les matchs sur console. « C’est quand même assez lent et pataud,» s’amuse Olivier Ly.
Pourtant les robots progressent d’année en année. Le robot bordelais 2015 est d’ailleurs une nouvelle version du fameux Rhoban qui est allé en quarts de finale l’année dernière. Les bordelais ont donc de l’ambition. Mais les organisateurs s’amusent aussi à corser la difficulté : cette année le terrain ne sera pas lisse, mais en gazon artificiel. Et le ballon ne sera plus orange pour être vu de loin.
Et à l’issue de la finale, les robots seront-ils capables de soulever la coupe ? • Sophie Lemaire

Photo : Une partie de l’équipe Rhoban, photographiée ici en 2014 avant la coupe du monde au Brésil. Depuis, leurs robots ont encore progressé... © archives thierry david / sud ouest