Déjà choisie meilleure destination européenne en 2015, Bordeaux pourrait bien devenir également une destination gastronomique de premier plan.  Si le Port de la Lune faisait jusqu’il y a quelques mois encore, pâle figure face à d’autres grandes villes comme Lyon, la capitale de l’Aquitaine pourrait s’imposer à son tour comme une capitale gastronomique. Si l’on en juge l’impressionnant mercato de grands chefs auquel on a assisté ces derniers temps, la bataille est lancée en tout cas.

Trois étoiles en vue ?
Joël Robuchon et Bernard Magrez ont été les premiers à se lancer dans cette course vers les sommets de la gastronomie. Le chef multi-étoilé et l’homme d’affaires bordelais se sont associés pour créer la Grande Maison, une adresse gastronomique associée à un hôtel de luxe dans l’enceinte du château Labottière, propriété de Magrez. Inaugurée en fin d’année dernière, le restaurant a ouvert trop tard pour figurer dans le classement du célèbre guide Michelin. Mais on sait déjà que la Grande Maison vise pas moins de trois macarons. Pour coller à cette ambition, le restaurant va ouvrir une troisième salle à la mi-septembre. Et il propose déjà un menu à 75€ pour le déjeuner. Pour le dîner, les menus vont de 135€ à 275€ ! L’excellence a un prix.
Dans le sillage de cette ouverture, c’est toute la galaxie des grands restaurants de Bordeaux qui s’est mise en mouvement. Plusieurs grands chefs sont arrivés ou annoncés à Bordeaux dans les jours qui viennent. Le Pressoir d’Argent, le restaurant gastronomique du Grand Hôtel, orphelin depuis le départ de Pascal Nibaudeau devrait ainsi rouvrir prochainement avec une star internationale aux fourneaux, le britannique Gordon Ramsay.

Gordon Ramsay au Grand Hôtel
Chez nous, cet écossais de 48 ans est surtout connu pour son émission Cauchemar en Cuisine, un programme dans lequel il vient en aide à des restaurateurs en difficulté. Et ce ne sont pas ses coups de main qui ont fait sa renommée mais bien ses coups de gueule. Pourtant, ce chef international possède un groupe de 25 restaurants à travers le monde et compte pas moins de 7 étoiles au Michelin.
En France, il avait déjà ouvert le restaurant du Trianon Palace à Versailles. Au Pressoir d’Argent, Gordon Ramsay devrait bien entendu élaborer la carte. Dans un communiqué, publié sur la page internet du restaurant, il se dit d’ailleurs « ravi de travailler les produits du terroir aquitain ». Mais, il ne sera évidemment pas présent au quotidien en cuisine. Pour l’instant, aucune date n’est fixée pour son arrivée. « Réouverture prochainement » annonce-t-on.

Etchebest et son 4e mur
Juste en face du Pressoir d’Argent, Philippe Etchebest ouvre aujourd’hui, « le Quatrième Mur » à la place de l’ancien café de l’Opéra, dans les murs du Grand Théâtre. N’allez pas voir une métaphore rugbystique dans le nom de son resto. Il s’agit d’une expression empruntée au théâtre, le quatrième mur étant celui (virtuel) qui sépare les acteurs des spectateurs. Un terme que l’on trouve pour la première fois sous la plume du philosophe Denis Diderot.
Dans l’assiette, le « Quatrième Mur » ne s’affiche pas comme un restaurant gastronomique, du moins pas tout de suite. C’est une brasserie haut de gamme découpée en trois espaces dont un coin bar et un coin plus lounge. Du côté de la carte, le chef veut faire de la qualité. Les prix sont donc un peu élevés pour une brasserie. Il faut compter 26€ pour le premier menu à midi et 48€ le soir.

Carrade au Petit Commerce
Dans la série des grands chefs qui reviennent à des choses plus simples, Stéphane Carrade qui dirigeait les cuisines de la brasserie du Grand Hôtel, arrive au Petit Commerce. Le restaurant qui est déjà une institution à Bordeaux s’offre ainsi les talents d’un chef reconnu puisque Stéphane Carrade a déjà été récompensé de deux étoiles par le passé lorsqu’il était aux commandes du restaurant chez Ruffet à Jurançon. Puis il en avait conquis une lorsqu’il était aux fourneaux de la Guérinière à Gujan-Mestras.
Au Petit Commerce, le chef qui aime les nouveaux défis et n’a plus à prouver son talent, compte imposer une table « gastronomique décomplexée ». Autrement dit avec des prix doux. La carte du restaurant garde ses fondamentaux. La nouveauté, c’est la cuisine en direct au feu de bois que veut proposer le chef. •

© G. Bonnaud / Sud Ouest