Longtemps décriée et traitée de verrue dans le paysage bordelais, la caserne des pompiers de la Benauge connaît un retour en grâce. Reconnue comme Monument Historique en 2014 après avoir été inscrite à l’inventaire du « Patrimoine du XX^e siècle » en 2008, il est aujourd’hui acquis qu’elle sera restaurée.

Mais pour cela, il va falloir attendre que les pompiers la quittent. Ce devrait être le cas d’ici cinq ans. Lorsque la nouvelle caserne qui doit être construite à la place de l’ancienne Cité des fleurs près du pont Saint-Jean, sera sortie de terre. Mais le projet qui a déjà pris du retard pourrait en prendre encore davantage. Car, non seulement construire une nouvelle caserne coûte cher (17M€). Mais en plus le permis de construire pour ce nouveau bâtiment ne pourra être déposé que lorsque la digue qui protège la rive sera rehaussée.

60 ans d’existence
Alors en attendant, les pompiers continuent d’occuper la caserne historique. Et ce n’est pas forcément pour leur déplaire. Le bâtiment imaginé par les architectes bordelais, Claude Ferret, Yves Salier et Adrien Courtois est extrêmement bien conçu. Inspirés par les travaux de Le Corbusier, ils ont en effet travaillé sur l’aspect fonctionnel. Toute la caserne a été imaginée en tenant compte de la manière dont travaillent les pompiers. Tour pour sécher les tuyaux, grandes coursives, perches pour descendre plus vite les 5 étages... La caserne leur offre les moyens d’être les plus réactifs possible au quotidien. Même 60 ans après sa construction, puisqu’elle a été achevée en 1954. Pourtant si le bâtiment reste adapté aux besoins des pompiers, il aurait bien besoin d’une sérieuse rénovation. Le béton s’effrite par endroits et des échafaudages ont été installés pour prévenir la chute de plaques qui se détachent des murs. Mais le SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) responsable des locaux ne veut pas investir dans des lourds travaux de réhabilitation et assure l’entretien minimum en attendant que la caserne change d’affectation.

Les architectes au travail
On devrait d’ailleurs en savoir plus à ce sujet d’ici la fin de l’année. Les résultats du concours sur l’avenir de la caserne, auquel ont été invités à participer de jeunes architectes de moins de 40 ans devraient être dévoilés au mois de décembre. Une chose est sûre, ce bâtiment que l’on a déjà annoncé transformé en hôtel de luxe ou en école de cuisine internationale, inspire les architectes. Les propositions s’annoncent forcément intéressantes. Les pompiers, eux y poursuivent leurs activités sans se plaindre. Ils viennent même d’acquérir un nouveau matériel. Un bateau pour assurer la sécurité des navires de croisière fluviale. Avec le développement de l’activité sur la Garonne, on n’est pas à l’abri de voir un passager tomber à l’eau. Si on ajoute à cela, l’arrivée de nouveaux habitants sur la rive droite, la caserne de la Benauge qui assure aujourd’hui près de 10 000 interventions par an, pourrait atteindre les 15 000 d’ici 5 ans.•

Photo © F. Cottererau / Sud ouest