Un soda artisanal créé à Bordeaux. Drôle d’idée ? Pas pour Marion Gaudicheau et François Delmas Saint-Hilaire, deux jeunes entrepreneurs bordelais diplômés d’agronomie, qui ont lancé en février dernier, leur propre marque de soda naturel. Baptisée « La manufacture de soda », elle est conçue à partir de fruits cultivés dans les terres de la région.

L’idée a germé pendant l’été 2014 : « L’année dernière, on a assisté à une période où tous nos amis se mariaient : on voyait de belles tables décorées, avec de jolies verrines, de jolies bouteilles de vin, de jolies bouteilles d’eau en verre, mais au milieu, il y avait toujours la bouteille de soda en plastique avec l’étiquette rouge qui dénotait », se souvient François, par ailleurs employé de la Chambre d’agriculture de la Gironde. « On voulait sortir de cette image du soda cheap et mauvais pour la santé, en le rapprochant plutôt des codes du vin », avance Marion, ancienne salariée du groupe agricole et agroalimentaire Euralis.


Leurs sodas sont confectionnés à l’aide de fruits récoltés dans un rayon de 200 kilomètres aux alentours de Bordeaux. Ils ne contiennent ni arômes ni colorants ajoutés. « Notre ambition, c’est notamment de mettre en avant le producteur, d’avoir une traçabilité, sur l’origine des fruits », indique Marion. Ces derniers viennent de Saint-Vincent-de-Pertignas (33) ou encore d’Aiguillon (Lot-et-Garonne).

Fraise, pomme, raisin, citron, poire... : les arômes contenus dans les petites bouteilles en verre de 20cl, joliment étiquetées, ont de quoi satisfaire tous les goûts. « On sélectionne les fruits en fonction des saisons. » 
Pour la fabrication, tout est bien huilé : les deux Bordelais pressent eux-même les fruits dans leur petit atelier situé rue Lacornée, dans le centre de Bordeaux, grâce à des machines manuelles achetées d’occasion : « On broie les fruits, puis on les presse via une presse à papier utilisée pour faire du cidre », raconte François. « Notre pire ennemi, c’est la fermentation et l’oxydation ! », le jus pouvant perdre de sa qualité si tout n’est pas fait en temps et en heure. « On a d’ailleurs commencé notre production en faisant un soda à la poire, qu’on a complètement raté ! », se souvient-il. Pour le goût, « on essaye d’avoir un pétillant qui se rapproche de celui du champagne », avance Marion.

Les deux entrepreneurs délèguent ensuite la gazéification, la mise en bouteille et la pasteurisation de leurs produits à une entreprise située à une centaine de kilomètres de Bordeaux.


Pour l’instant, les deux gérants se cantonnent à distribuer leurs produits à l’aide d’un triporteur dans les épiceries fines, cafés, restaurants, salons de thé, fromagers, glaciers, cavistes... A Bordeaux, on peut déjà siroter leurs sodas dans une vingtaine de lieux (Odouze, Le Nama, Belle Campagne, Le Chien de Pavlov, Potato Head...). « Le soda peut être vendu entre 3,5 et 3,90€ en épicerie fine, voire 5€ en restaurant », indique Marion. Environ 3000 bouteilles sont déjà sorties. Pour grossir leurs stocks, les entrepreneurs ont besoin de matériel plus performant. Ils ont donc lancé une campagne de crowdfunding sur Ulule pour récolter des fonds.•

Emeline Marceau

Photo : © EM